Newsletter

Ici se trouve l’ensemble de mes publications de Newsletter.

Les réseaux sociaux affectent-ils le bien-être ?

En étudiant la relation entre bien-être et utilisation des réseaux sociaux de 2006 à 2018, on peut être plutôt sûr qu’il n’y a aucun lien :

Source: https://psycnet.apa.org/record/2022-60836-007

Les humains seraient-ils aussi intelligents que les animaux ?

Des chercheurs ont pris des capacités cognitives et émotionnelles présentes chez les humains et ont compilé les connaissances sur les autres animaux pour en faire ce graphique. En bleu canard la capacité est présente, en orange non, et gris, on ne sait pas.

Exemple, pour la capacité 29 : adopter un comportement de type amical, on est sûr que les cochons le font, globalement ok que c’est aussi le cas chez la carpe, et pour les autres animaux on ne sait pas.

Si vous voulez voir mieux la carte, cliquez ici : https://forum.effectivealtruism.org/posts/tnSg6o7crcHFLc395/the-welfare-range-table

Le cerveau se muscle encore

J’ai l’impression de vous bassiner avec le growth mindset, c’est au moins la quatrième méta-analyse que je vous livre cette année. Pour les deux du fond, la théorie du growth mindset, c’est l’idée que quand on dit à des jeunes que leur cerveau est comme un muscle, qu’il faut entrainer pour réussir, ils vont plus travailler que si on leur dit que leur cerveau est “fixé” par la génétique ou le talent, et que ça ne sert à rien de travailler pour réussir.

Des tonnes d’études ont trouvé un effet, mais encore plus n’en ont pas trouvé. Cette dernière méta-analyse (faites que ça soit la dernière svp). indique que l’ensemble des études qui trouvent un effet positif souffrent de problème de conception, de manque de participants, de données manquantes et de biais. Une fois corrigés, il n’y a plus d’effet. Le growth mindset n’existe pas, merci et au revoir.

https://psycnet.apa.org/record/2023-14088-001

La société change d’avis plus vite que les individus.

Une nouvelle preuve que les générations, et non les individus, changent d’avis :

Sur des sujets de sociétés, on observe de grosses différences entre génération, plus importantes qu’entre individu d’une même génération. Ce sont ces différences qui impactent la société :

Les lignes sont relativement droites et les rouges (les plus jeunes) sont assez proches de la verte, et plus éloignée des bleues, les plus vieux.

https://www.economist.com/graphic-detail/2019/10/31/societies-change-their-minds-faster-than-people-do

À quoi ça sert d’avoir du sens dans la vie ?

Peut-être à éviter les démences.

Les chercheurs ont aggrégés les résultats d’une étude BioBank (150 000 personnes) en 2016 et ont regardé en 2021 les rapports d’hôpitaux. Ils ont découvert qu’il y avait un peu moins de personnes indiquant avoir du sens dans la vie qui avaient développé une démence par rapport à ceux qui n’avaient pas de sens dans leur vie.

Je ne sais pas tellement que penser de l’étude. La mesure du sens de la vie en 2016 est faite à un instant t, il n’y a pas tant de participants que ça et surtout ça ne fait “que” cinq ans. On peut aussi assez facilement imaginer que le sens protège des risques de dépression et d’autres troubles.

C’est donc (peut-être) une bonne raison de réfléchir au sens que vous donnez à votre vie.

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0167494322002345

THE pratique de recherche questionnable

Savez-vous quelle est la pratique de recherche questionnable la plus fréquente parmi les chercheurs ?

C’est le fait d’inclure des chercheurs à un papier sur lequel ils n’ont pas contribué. On parle quand même de 70% des chercheurs qui auraient fait ça en Europe ce qui est tout de même un peu énorme.

50% indiquent ne pas avoir fait sérieusement leur travail de revue par les pairs (en même temps vu les commentaires qui font 3 lignes que je reçois pour certains de mes papiers, ça m’étonne pas trop) et entre 50% et 60% disent avoir mal encadré des chercheurs juniors, ce qui fait mal au cœur.

Si vous voulez plus de détail : https://osf.io/preprints/metaarxiv/fgy7c/ ## Ligma post

Quelles raisons poussent les personnes à partager du contenu complotiste ?

Ben pour plein de raisons, sinon ça serait trop facile, mais il y en a au moins une qui a retenu l’attention de chercheurs : la reconnaissance sociale.

Dans une étude sur plus de 4000 participants, il a été indiqué que les personnes partageaient du contenu conspirationniste pour les likes, mais aussi les réactions comme les commentaires. Ils pensent également que partager ce type de contenu génère plus de réaction que du contenu traditionnel et ça peut les motiver à les partager, même s’ils savent que c’est faux.

Après, moi aussi, je fais cette newsletter pour les likes, les partages et les commentaires. Je dis ça, je dis rien.

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0022103122001408

L’algorithme de Facebook (2)

On continue avec une étude qui vient de paraitre indiquant que les jeunes Américains sont dépressifs, car ils passent trop de temps sur Facebook. Quoi, me direz-vous, sur Facebook ? Unbeliveable !

C’est également la question que se sont posés des chercheurs sur Twitter et il n’a pas fallu longtemps pour découvrir le pot au (név)rose : les données de l’“étude” datent d’entre 2004 et 2006.

2004 c’était l’époque de K-maro et Dragostea din tei.

2006 l’époque de Diams - la boulette, et Crazy Frog. Autant vous dire que les gamins de l’époque, ils pouvaient bien être dépressifs à cause de Facebook, ils avaient de la musique de qualité.

Bref pour en revenir à nos moutons, il est surprenant d’avoir une étude comme celle-ci publiée sans mention d’un phénomène historique avec clairement une impossibilité de généraliser cet effet à la génération d’aujourd’hui. Un article très problématique selon moi (et d’autres chercheurs sur Twitter) à retrouver ici :

https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=3919760 ## L’algorithme de Facebook

Sur Facebook, les images de personnes noires sont plus proposées aux personnes noires, les images d’enfants aux femmes et les images de jeunes femmes aux hommes plus âgés, indépendamment des recherches que font les individus.

Une bonne raison de brûler votre compte.

https://dl.acm.org/doi/10.1145/3517745.3561450

Un chercheur sachant trouver…

On a donné à 161 chercheurs différents des données sur l’immigration et le soutien envers les politiques d’aides publiques en leur posant une question : selon vous, est-ce que l’augmentation de l’immigration fait baisser le soutien envers les politiques d’aides publiques ? Et… il se trouve que l’immense majorité des résultats sont différents les uns des autres.

Ces différences se retrouvent à la fois dans les résultats numériques, mais aussi dans les conclusions des chercheurs.

En contrôlant l’expertise des chercheurs, leurs croyances préalables et leurs suppositions, on n’explique toujours pas plus de 90% de la variation entre les résultats. Cela révèle un univers d’incertitude qui est autrement caché lorsqu’on considère une seule étude isolée.

Ces résultats appellent à l’humilité épistémique et à la clarté dans la communication des résultats scientifiques.

https://t.co/3SVSOSK52q

Est-ce-que sourire rend heureux ?

Une énorme étude incluant 49 auteurs, dont certains pensaient que sourire rend heureux et d’autres non, a été menée dans le monde entier (il y a deux pays africains inclus, le Nigeria et le Kenya). C’est une hypothèse très importante, car elle lie les émotions et le corps.

L’hypothèse du feedback facial (que les muscles de notre visage nous donnent des indications sur nos émotions) est controversée. L’étude la plus célèbre est celle du “stylo dans la bouche”. Il suffirait de mettre un stylo dans sa bouche pour sourire et ça rend plus heureux. En 2016, une étude a testé cet effet 17 fois sans jamais trouver aucun résultat. On se trouve dans une situation ou des centaines de recherches depuis 50 ans indiquent que sourire rend heureux, mais une très rigoureuse ne trouve aucun effet du tout. On est donc face à une controverse.

Les chercheurs ont conduit une nouvelle étude rigoureuse en comparant 6 groupes. À la moitié des participants, ils ont montré des images positives. À l’autre moitié, ils ont montré des images neutres. Dans le même temps, ils ont demandé à 1/3 des participants d’imiter un acteur ayant des expressions de joie réelle (le sourire, les pâtes d’oies et tout). À 1/3 ils ont demandé de sourire uniquement. À 1/3 ils ont demandé de mettre le stylo dans la bouche pour se forcer à sourire. 12 cases : les 6 de gauches sont les émotions positives, 6 de droites négatives, 4 en souriant pour de vrai, 4 en souriant pour de faux et 4 avec un stylo dans la bouche.

Au total, il y avait 3878 participants.

Les résultats ?

Les participants indiquaient être plus heureux pour les images joyeuses et neutres que sans stimuli, et pour les vrais gros sourires et les sourires simples que pour le stylo dans la bouche. Il semblerait donc que l’hypothèse du feedback facial fonctionne et ça, c’est une bonne nouvelle pour la théorie.

Par contre, dans aucun cas le “stylo dans la bouche” n’a fonctionné. N’intégrez donc pas de mangeage de stylo dans votre morning routine.

Donc l’hypothèse du feedback facial fonctionne, mais avec une taille d’effet très faible. Un gros bravo pour cet énorme travail d’équipe qui permet d’en savoir beaucoup plus sur le fonctionnement de nos émotions.

https://www.nature.com/articles/s41562-022-01458-9

Nuit mortelle

En 2020, des chercheurs ont rapporté une augmentation du taux de suicide dans la zone d’Oulu, en Finlande. Mais seulement chez des jeunes femmes, et seulement en hiver.

La question est, pourquoi ?

L’explication apportée est que la nuit jouerait plus fortement sur l’humeur des femmes que des hommes (en plus de possibles carences en vitamine D etc.). Une recherche en Autriche a essayé de voir si l’effet existait également, mais ce ne fut pas le cas. Évidemment, les commentateurs ont expliqué que l’Autriche était très éloignée de la Finlande et qu’il était préférable d’essayer de tester l’effet dans les pays du nord. C’est chose faite.

Les chercheurs ayant fait l’étude en Autriche ont tenté à nouveau de répliquer l’effet en Suède, sans résultat non plus. Ils ont en plus testé s’il y avait des différences entre les villes avec plus de lumière artificielle ou moins, sans résultat non plus. Il semblerait donc que l’étude finlandaise soit un faux positif et qu’il n’y ait pas de lien entre la nuit et le risque de suicide, ni entre la nuit et le risque de suicide spécifiquement chez les femmes.

https://www.nature.com/articles/s41380-022-01823-0

Mentor menteur

Quelle ne fut pas la surprise quand le médecin et neuroscientifique Matthew Schrag a découvert une notification lui indiquant que 2 de ses articles datant d’il y a plus de 15 ans ont été suspectés de posséder des images modifiées (photoshopées quoi). Ces images portaient sur des résultats importants, sur le traitement de la maladie d’Alzheimer. Il se trouve qu’il n’y avait qu’un seul co-auteur à ces deux articles, son superviseur de stage qui deviendra également son directeur de thèse, Othman Ghribi.

Il l’appelle au téléphone pour lui demander de rendre des comptes. Ghribi ne fut pas long à expliquer qu’il y avait effectivement des “problèmes” dans ces images. Selon lui, les résultats ne sont pas faux, mais grandement exagérés. Il expliqua également qu’en réalité, il y a de nombreuses études posant “problème” qui sont sorties de son laboratoire.

Ghribi appela les éditeurs par la suite pour demander d’exonérer Schrag de toute responsabilité sur ces fraudes. Ayant changé d’université, il n’a pas gardé les images et a supprimé l’ensemble des données brutes lors de sa relocalisation.

Schrag ne supportant pas d’avoir de la fraude dans ses études, demanda aux éditeurs de rétracter immédiatement ses deux études problématiques. Il demanda ensuite à des experts de vérifier l’ensemble du travail de Ghribi pour rechercher d’autres manipulations d’images. Ils ont trouvé que c’était le cas pour 33 études publiées entre 2001 et 2019, dont les deux par Schrag en 2006.

Il contacta ensuite l’ensemble des éditeurs qui se dirent surpris car Ghribi semblait être totalement intègre. Sur les 33 études, à part les deux de Schrag, aucune n’est pour l’instant retractée.

M. Schrag reconnaît l’influence précoce de M. Ghribi sur sa carrière et se sent triste des méfaits apparents de son ancien mentor. Mais Schrag dit qu’il a été confronté à l’impératif de corriger le dossier scientifique, y compris les travaux dans lesquels il a joué un rôle. “Il faut avoir un engagement quasi religieux envers l’intégrité de la recherche. Si les règles s’appliquent aux autres, elles doivent s’appliquer à nous tous”, déclare-t-il.

https://www.science.org/content/article/i-m-nauseated-alzheimer-s-whistleblower-finds-possible-misconduct-his-mentor-their

Vaper sauve des vies

L’utilisation de la cigarette électronique a permis de sauver plus de vies que toutes les autres méthodes d’arrêt de cigarette. Pour 100 fumeurs, 9 à 14 réussissent à arrêter la cigarette avec la cigarette électronique avec nicotine, comparé à 6 sur 100 avec une thérapie basée sur les patchs nicotine, 7 sur 100 avec cigarette électronique sans nicotine, et 4 sur 100 sans aide ou avec uniquement une thérapie comportementale.

Notons que si on fait l’addition, moins de 30% des personnes qui cherchent à arrêter la cigarette y arrivent réellement…

Source : https://www.cochrane.org/CD010216/TOBACCO_can-electronic-cigarettes-help-people-stop-smoking-and-do-they-have-any-unwanted-effects-when-used

Quand le judaïsme a-t-il émergé ?

Une énorme revue des preuves sur la création du judaïsme indique qu’il n’y en a presque aucune qui indique que le judaïsme a existé avant le second siècle avant notre ère. Pourtant, la date retenue aujourd’hui de la création du judaïsme est : il y a -3000 ans. S’il est clair que la religion en Judée en -586 n’était pas la religion juive, date de la destruction du temple de Jérusalem, il est possible que la religion juive ait plutôt émergée en -500. Cela reste à confirmer.

Source: https://www.haaretz.com/archaeology/2022-11-15/ty-article/when-did-judaism-emerge-far-later-than-assumed-new-theory-suggests/00000184-7605-deef-a3cd-765584c70000

L’info qu’il ne fallait pas rater en neuroscience.

Des chercheurs ont inventé une IRM précise à la milliseconde. Cette IRM reste à prendre avec des pincettes, car elle prend en compte des fluctuations des molécules d’eau au lieu de l’aimantation du sang dans le cerveau, et il n’est pas encore clair si cette nouvelle technique fonctionne avec précision. Mais si c’est le cas, un nouveau pan de recherche pourrait s’ouvrir !

Source : https://www.science.org/doi/10.1126/science.abh4340

À quel point travaillez-vous pour le grand capital ?

Chaque heure de travail produit en moyenne 70€ de PIB en France. Elle est payée en moyenne 16.3€ (et 11.07€ au Smic). Le reste est l’argent que les capitalistes se font sur votre dos.

Quelle est la maladie qui est la plus socialement déterminée ?

(dont les pauvres souffrent le plus par apport aux riches) ?

Des sept troubles et maladies étudiées, c’est le trouble psychiatrique qui est la plus socialement déterminée, suivie de près par le diabète. Les plus pauvres ont deux fois plus de risque de développer ces troubles que les plus riches.

De l’autre côté, le cancer touche tout le monde de la même manière.

La méta-analyse est “le plus haut niveau de preuve scientifique”.

La méta-analyse a pour objectif d’agréger des résultats quantitatifs pour s’assurer de l’existence d’un effet statistique.

Les 5 erreurs les plus faciles à identifier à faire dans une méta-analyse sont :

  • Ignorer les valeurs aberrantes (Les effets trop grands ou trop petits par rapport aux autres)

    • Confondre erreur standard et écart-type lors du calcul de la taille d’effet

    • Ignorer la corrélation intra-étude (si plus d’un effet est écrit par étude)

    • Ne pas tenir compte de la variance intra-étude (de même qu’au-dessus)

  • Se concentrer sur les résultats au sein du groupe plutôt qu’entre les groupes (ne pas s’intéresser à l’explication de l’hétérogénéité)

3 chercheurs ont examiné les 20 méta-analyses les plus citées dans le domaine des forces de caractère et du conditionnement et ont découvert que 85% d’entre elles avaient au moins fait preuve d’une de ces erreurs…

Il est vraiment nécessaire de former les chercheurs à la technique de méta-analyse, parce que les preuves s’accumulent pour dire que de plus en plus de méta-analyses de mauvaise qualité apparaissent dans tous les domaines.

Source : https://link.springer.com/article/10.1007/s40279-022-01766-0

À quel point êtes-vous riche ?

(par rapport aux autres habitants de la terre)

Si vous gagnez plus de 6.70$ vous gagnez plus que la moitié de la planète. Si vous gagnez plus de 30$ par jours, vous faites partie des 15% plus riches de la planète.

Si vous gagnez plus de 46$ par jours, vous faites partie du top 1%, félicitation.

D’un autre côté, 30$ par jours est le seuil de pauvreté dans une majorité des pays riches. En France, 20% des personnes vivent sous 30$ par jours. Comme quoi, tout n’est pas relatif, mais le revenu si.

Développer sa conscience politique sur TikTok

Une grosse méta-analyse sur 442 000 participants indique que les réseaux sociaux n’améliorent pas l’apprentissage politique. En particulier, les études observationnelles (en gros les sondages) ne trouvent aucun effet tandis que les études en laboratoires trouvent un effet extrèmement faible.

Combinés, cette méta-analyse permet d’indiquer que les réseaux sociaux ne permettent pas de s’informer correctement sur la politique et que sa portée est minimale.

Par contre ils ne disent rien sur les newsletters donc je crois toujours en mes rêves.

Source : https://academic.oup.com/joc/advance-article-abstract/doi/10.1093/joc/jqac034/6726545

L’internationalisme de la coopération

Allez op, une méta-analyse comparant 70 pays sur la coopération interpersonnelle.

À gauche, les pays avec le moins de coopération (Coucou la Grèce), à droite avec le plus. Quasiment tous les pays “touchent” la barre de 0.36.

Ce résultat est important car de nombreuses études indiquent que les variations culturelles modifient la coopération entre individus, que ça soit le type de religion, les valeurs culturelles, les institutions et l’histoire des pays. Cette méta-analyse montre le contraire, avec presque aucune différence entre les pays. Il reste à découvrir s’il y a des variations dans le “type” de coopération m’enfin, il est clair que nous sommes presque tous unis dans un amour universel de l’autre et l’envie de s’aider afin de vivre dans une harmonie terrestre positive (sauf la Grèce).

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35286118/

Comment réparer l’anhédonie ?

J’ai appris le terme anhédonie en deuxième année de licence, mais rien n’y fait, il faut que je retourne sans arrêt sur Google pour me souvenir de ce que c’est. En fait c’est un a privatif associé à hédonie donc la recherche de plaisir. Anhédonie signifie donc l’incapacité à ressentir du plaisir. J’espère que vous le retiendrez parce que moi, je vais presque aussitôt l’oublier.

L’anhédonie est fréquente dans les troubles mentaux, et est d’ailleurs un point central de nombreuses dépressions. C’est donc un symptôme qu’il faut pouvoir traiter efficacement. Une étude en 2020 sur une cohorte de 220 patients indiquait que la thérapie d’activation comportementale ne fonctionnait pas très bien pour traiter l’anhédonie. Une nouvelle étude compare cette cohorte avec une seconde ayant été traitée par les thérapies cognitivo-comportementales et trouve… que les résultats sont semblables.

Comme vous pouvez le voir, les thérapies d’activation comportementales (BA) comme les thérapies TCC diminuent l’anhédonie entre le début et 6 mois mais il y a un seuil à partir duquel ils ne diminuent plus le symptôme (environ 24) alors que la population générale est à 20.

Les chercheurs indiquent donc que les thérapies BA comme TCC sont sous-optimales pour traiter l’anhédonie. L’anhédonie sévère prédit un syndrome dépressif plus sévère, cependant les BA comme les TCC sont plus efficace pour traiter la dépression que l’anhédonie car ils traitent d’autres symptômes. Cela peut cependant expliquer le fort taux de rechute de certaines dépressions face à ces thérapies, si elles sont fortement marquées par de l’anhédonie.

Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0005796722001565

L’exercice physique est-il bon pour le cerveau ?

Les recommandations de l’OMS disent que oui : deux heures d’activité modérée ou 75 minutes d’activité forte par semaine améliorent la réflexion et les compétences d’apprentissage. Mais est-ce réellement le cas ?

Ben pas vraiment. Une synthèse de 24 méta-analyses sur le sujet indiquent un effet extrêmement faible, et des biais de publications dans les études. En particulier, les échantillons, quand ce sont de vrais humains et pas des souris, sont excessivement faibles et le groupe contrôle est toujours différent : il n’y a presque aucune étude dans laquelle le groupe contrôle ne fait pas de sport du tout. Difficile de comparer. Enfin, difficile de dire que « le sport » a un effet en supposant que tous les sports soient équivalents.

Autre souci, dans une étude sur 350 000 personnes, un variant génétique expliquait à la fois une pratique plus intensive du sport et de meilleurs résultats cognitifs, autrement dit, dans la population générale, le lien entre sport et fonctionnement cognitif est une corrélation et pas une cause.

Continuons dans notre logique. Si le sport est bon pour le cerveau, il est nécessaire d’expliquer par quel mécanisme il peut l’être.

Pour certains chercheurs, c’est une protéine, la BDNF qui peut expliquer l’effet positif. Pour d’autres, le sport peut augmenter la circulation sanguine dans le cerveau, en amenant plus de nutriments. En vérité, on ne sait pas trop encore comment expliquer ce lien, s’il existe.

Concernant les effets négatifs du sport, ils ne sont pas à négliger. Outre les effets délétères dans certaines maladies (sclérose latérale amyotrophique, syndrome de fatigue chronique), on a également des indices laissant penser que le sport serait nocif, par exemple, pour les personnes souffrant d’un covid long.

Alors que conclure ?

En premier que le sport est – on en est 100% sûr et certain – bénéfique pour la santé physique, en particulier contre les maladies cardiovasculaires. Il faut faire du sport quand on n’a pas de contre indication.

En second que les recommandations sportives ont du sens – pour prévenir des maladies cardiovasculaires et être en bonne santé physique.

Et en troisième que contrairement aux bénéfices physiques, les bénéfices du sport sur la santé mentale sont très faibles, voire inexistantes, à cause d’études de mauvaise qualité et de recommandations qui ne sont pas basées sur les preuves.

https://www.science.org/content/article/exercise-actually-good-brain

Le sport comme antidépresseur.

21 essais randomisés contrôlés ont été inclus dans une méta-analyse (2551 patients au total) qui permet de montrer que le sport est aussi efficace que des antidépresseurs… pour ceux qui en font longtemps. On parle de 60 minutes de sport trois fois par semaine pendant au moins 9 semaines (jusqu’à 16 semaines dans certaines études).

En effet, le taux d’échec était plus important pour l’intervention de sport, ce qui montre qu’il est plus difficile de faire du sport régulièrement que de prendre des anti-dépresseurs.

Mais même dans le cas où les participants n’ont pas continué à faire du sport, ils indiquaient se sentir mieux que le groupe contrôle.

De ce fait, cette étude relativise les recommandations du DSM 5 indiquant de proposer du sport contre la dépression uniquement pour les patients résistants aux antidépresseurs ou à la psychothérapie. En même temps, il paraît difficile de permettre à de nombreux patients d’effectuer le nombre d’heures de sport permettant d’obtenir un effet bénéfique comme celui obtenu dans cette méta-analyse.

Enfin, tout comme pour l’étude de la newsletter 9, on peut imaginer un facteur confondant : est-ce que les patients dépressifs qui arrivent à faire trois heures de sport par semaine sont vraiment représentatifs de l’ensemble des dépressifs ou sont-ils un cas particulier ? Je vous laisse en juger.

https://bjsm.bmj.com/content/early/2022/09/23/bjsports-2022-105964

Il n’y a jamais une raison de se suicider, il y en a toujours au moins deux

ps : c’est une citation de Camus dans ses carnets

En comparant 5633 cas de suicides avec 40 facteurs, les associations les plus fortes avec le suicide sont : 1) les troubles mentaux, et 2) un historique de blessure contre soi. Le tableau total est le suivant :

Plus le z est élevé, plus le facteur de risque est fort. Le plus élevé est les troubles mentaux (17.8) en particulier la dépression (11.5) et les troubles de la personnalité (10.3). Le fait d’être sans emploi ou sans éducation sont aussi des facteurs de risque importants (8.1 et 8.2 respectivement).

Source : https://ebmh.bmj.com/content/early/2022/09/26/ebmental-2022-300549

Se sortir d’une dépression avec et sans traumatisme dans l’enfance

Une méta-analyse de 20 essais randomisés contrôlés et 9 essais ouverts (6830 participants) a été faite sur une comparaison de l’efficacité des traitements de la dépression en fonction du traumatisme dans l’enfance.

Dans ces essais, 62% des patients dépressifs avaient eu une histoire de traumatisme infantile.

Bien qu’ils aient une dépression plus sévère avant le traitement, les patients ayant un traumatisme dans l’enfance ont eu les mêmes bénéfices du traitement que les patients sans traumatisme infantile, que le traitement soit pharmacologique, de la psychothérapie ou une combinaison des deux.

Cela signifie que la psychothérapie basée sur les preuves doit être proposée en première intention pour les patients souffrant de symptômes dépressifs, même si ces symptômes sont associés à un traumatisme infantile.

Source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/36156242/

C’est pas la taille qui compte

Les femmes veulent de grands hommes virils, les hommes des femmes petites avec des formes. Ça c’est la théorie de la psychologie évolutionniste qui se base sur le principe de la sélection sexuelle à travers le dimorphisme sexuel : les femmes ont été “sélectionnées” pour leur féminité et les hommes pour leur masculinité.

Cette théorie a été largement déconstruite par les données historiques montrant que chez les humains, le dimorphisme sexuel ne s’explique pas par la sélection sexuelle, mais par l’alimentation : les hommes ont eu au cours de l’histoire une alimentation plus riche que les femmes, les ayant rendu plus grands et forts en moyenne (sauf moi parce que j’ai pas assez mangé de soupe). Contrairement à ce qu’on croit, les femmes n’ont pas des hanches plus grosses que les hommes, mais on y prête plus attention, car elles sont socialement valorisées. Il n’est tout simplement pas possible de distinguer les squelettes d’hommes et de femmes selon leur taille de hanche.

Si ce résultat est maintenant connu chez les humains, qui ont déconstruit socialement cette théorie, est-ce qu’elle reste valable chez d’autres animaux ?

Eh bien non, une méta-analyse de 2021 montre clairement que la sélection sexuelle n’a finalement presque rien à voir non plus avec le dimorphisme sexuel chez les autres animaux (59 espèces étudiées). C’est un pan entier de la théorie de l’évolution qui doit se modifier, en particulier pour y inclure le contexte phylogénétique et trouver d’autres mécanismes explicatifs du dimorphisme sexuel chez les autres espèces.

https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsbl.2021.0251

Incarnez-vous, réincarnez-vous qu’ils disaient.

L’incarnation est une des théories centrales de la psychologie cognitive. Elle explique que les mots en lien avec le corps sont plus fortement associés en mémoire que le reste, plus rapide à trouver, etc.

Le test principal de l’incarnation est le test de compatibilité action-phrase.

On propose à des participants des phrases du style “mets ton doigt sur ton nez” ou “mets ton doigt sur le lavabo” ou encore “donne le livre à la personne” ou “récupère le livre de la personne”. La théorie suppose que la phrase sera plus vite comprise quand l’action va de l’extérieur vers soi (le doigt vers le nez, le livre à récupérer) que quand elle va de vers soi à l’extérieur (le doigt vers le lavabo, le livre vers l’autre personne).

Cette théorie a été écrite et testée en 2002, et répliquée un certain nombre de fois avec un certain nombre de variations. Sauf que voilà, une méta-analyse montre que l’effet n’existe finalement pas dans les études incluses, et est dû à des biais de publications.

Une étude en 2021 faite par plusieurs laboratoires dans le monde entier parvient à une conclusion légèrement différente : elle trouve qu’il y a un effet positif… et négatif. En fait, quand on a suffisamment de participants dans une étude, on se rend compte que certains participants vont plus vite dans le cas où l’on va de l’extérieur vers soi (théorie de l’incarnation) mais que d’autres participants vont plus vite quand on va de soi vers l’extérieur.

Est-ce que ça veut dire qu’il faut laisser tomber la théorie de l’incarnation ? Peut-être. Ce qui est sûr, c’’est que le test de compatibilité action-phrase ne doit pas être utilisé pour tester l’incarnation, car ce n’est pas ce qu’il mesure.

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S000169182200227X

Au pays de la science parfaite

Est-ce qu’avoir accès à des données ouvertes augmente le nombre de corrections d’erreurs dans les articles scientifiques ?

En utilisant une base de données de 199 revues en écologie et évolution, les chercheurs n’ont trouvé aucun lien entre l’obligation de partager des données et des rétractation ou correction d’article.

Est-ce une bonne nouvelle ? On ne sait pas. Soit oui parce que les chercheurs vérifient mieux leurs données avant de les partager quand ils sont obligés, soit finalement même si les données sont partagées, il n’y a personne qui a le temps de les vérifier, donc personne pour détecter les erreurs.

La question reste donc ouverte…

https://www.nature.com/articles/s41559-022-01879-9

THE self-made-man

Ce article de 2018 fait quand même l’actualité… car il a gagné le prix IGnobel. Si vous ne connaissez pas, le prix Nobel récompense les “meilleurs chercheurs” sur un domaine de science, tandis que l’IGnobel récompense le pire.

Cet article est une simulation qui montre en fait que le prédicteur principal dans le succès et l’échec de tout dans la vie n’est pas le talent, l’intelligence, la compétence, les efforts, la volonté, le travail acharné, la prise de risque, etc. mais…… la chance.

“Pour autant que nous le sachions, ce résultat contre-intuitif - bien que suggéré implicitement entre les lignes dans une vaste littérature - est quantifié ici pour la première fois. Il apporte un nouvel éclairage sur l’efficacité de l’évaluation du mérite sur la base du niveau de réussite atteint et souligne les risques de distribuer des honneurs ou des ressources excessives à des personnes qui, en fin de compte, auraient pu être simplement plus chanceuses que les autres.”

Bref, la prochaine fois que vous perdez au loto, n’oubliez pas que vous avez aussi perdu dans la vie.

Source : https://www.worldscientific.com/doi/10.1142/S0219525918500145

Un vaccin pour EDF

À travers deux études de 3000 participants dans plus de huit pays différents, des chercheurs indiquent avoir créé une procédure d’inoculation de la confiance pour se protéger des résistances aux changements climatiques.

L’inoculation consistait à proposer aux participants des arguments contre, par exemple, les énergies géothermiques puis à leur indiquer que face à ce type d’argument, il faut se souvenir que… en y ajoutant des arguments sourcés et scientifiques.

Et ça fonctionne plutôt bien, lorsque les participants ont ensuite été confrontés à ces arguments, ils ont plus résistés en condition d’inoculation qu’en condition contrôle (la courbe bleu/vert est au-dessus de la marron).

Bref une nouvelle corde à l’arc pour lutter contre l’inaction climatique !

Source: https://psyarxiv.com/zau32/

Dépistage rapide de la dépression

Une petite communauté de chercheurs et cliniciens français ont créé une checklist de dépistage rapide de la dépression ou d’anxiété qui marche pas mal.

On demande au patient “comment vous vous êtes senti les deux semaines dernières ? puis “vous êtes vous senti …” avec les adjectifs suivants :

Si le patient a un score au-dessus de 10, alors on peut avancer un diagnostic de dépression ou d’anxiété. Si le test n’est pas très sensible (il ne permet pas de distinguer entre dépression et anxiété, ni quel type de chaque), il est très court et facile à faire passer.

Bref, n’hésitez pas à adapter cet outil pour la clinique, c’est simple à utiliser et franchement utile.

Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0213616322000271#sec0017 ## Tout est plus facile avec un Nobel

Imaginez que vous receviez un article à évaluer pour une revue et que le nom de l’auteur vous saute aux yeux comme celui d’un lauréat du prix Nobel. Seriez-vous plus enclin à recommander cet article pour publication que si, par exemple, l’auteur était un novice ? Une étude publiée en septembre dernier répond par l’affirmative : les auteurs sont six fois plus enclins à recommander leur article que les novices.

Cela en dit long sur “l’objectivité” du processus de publication scientifique…

https://www.nature.com/articles/d41586-022-03256-9

Communiquer sans un mot

Ou comment se baser sur les signaux non verbaux dans les entretiens d’embauche.

Une méta-analyse de 63 études indique que les signaux non verbaux les plus importants dans la recherche d’emploi sont : 1) l’apparence professionnelle, 2) le contact direct dans les yeux, et 3) le mouvement de la tête, et ce, peu important si l’entretien se fait en direct ou à distance, seul ou à plusieurs, et peu importe la durée. Les femmes sont généralement un peu plus jugées sur les signaux non verbaux que les hommes.

C’est un post qui va me faire quelques likes sur LinkedIn ça.

https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/job.2670

Pourquoi croyons-nous aux théories du complot ?

Une explication pourrait résider dans le fait qu’elles donnent du sens à nos vies.

On observe à travers deux études une légère corrélation positive entre l’adhérence aux théories du complot et le besoin de sens. Autrement dit, les lignes rouges vont légèrement du bas à gauche vers le haut à droite.

C’est donc en toute logique que les théories de l’hydroxychloroquine ont autant séduites : elles permettent de contrôler notre impuissance face à la covid grâce à un simple médicament. Dommage que ce médicament soit dangereux.

En conclusion, il semblerait que l’on croit plus facilement aux théories du complot qui donne du sens pour nous, car elles nous permettent d’agir, d’être utile ou de faire une différence.

https://psyarxiv.com/jyux2

Quelles sont les caractéristiques des champions ?

Une analyse de 6000 champions sportifs ou lauréat de prix Nobel indique des résultats assez étonnants. Les champions s’investissent dans leur sport relativement tard : ils font plusieurs sports différents à la fois. De plus, ils font beaucoup moins d’heure de pratique de leur sport que les personnes moins fortes et s’améliorent très progressivement.

Connaissant assez bien les échecs, je suis toujours étonné de voir que beaucoup de très grands joueurs d’échec sont aussi excellents en tennis ou en tennis de table. Ces résultats sont aussi en lien avec les petits champions des échecs. Généralement, les phénomènes qui deviennent très fort vers l’âge de 10-13 ans arrivent très rarement dans le top 10 une fois adulte, contrairement aux joueurs devenant fort vers l’âge de 17-18 ans.

Bref, si vous voulez que votre enfant devienne un champion dans votre sport préféré : faites lui faire d’autres sports quand il est jeune. Et si vous voulez devenir un champion de la recherche, explorez plein de sujets différents (en faisant une newsletter par exemple) plutôt que de vous spécialiser.

Source : https://journals.sagepub.com/doi/abs/10.1177/1745691620974772

Je suis psychologue, et on m’a raconté d’énormes mensonges sur la santé mentale

(traduction et résumé de l’article suivant : https://www.theguardian.com/commentisfree/2022/sep/06/psychologist-devastating-lies-mental-health-problems-politics)

Nous vivons une crise de la santé mentale. Nous nous sommes habitués à des files d’attentes dans les structures publiques de plus de six mois, un an, un an et demi. Nous nous sommes habitués à une pénurie de psychiatres. Nous nous sommes habitués à laisser les enfants en difficulté scolaire sans ressource, faute de moyen.

Les thérapies en psychologie fonctionnent de la manière suivante : les psychologues recherchent, avec les patients, la source du mal-être, et en quelques séances, remédient au mal-être en modifiant les pensées, émotions et comportements associés. Quand on peut se permettre de le faire, c’est très bien.

En quoi cela peut aider des personnes qui ne peuvent pas nourrir leurs enfants ? Qui tous les mois risquent de ne pas payer leur loyer ? Qui ne peuvent pas quitter un mari violent sous peine de risquer leur vie ?

Les antidépresseurs ne vont pas changer la vie d’un homme vivant dans une cité, sans chauffage et avec peu de possibilité de trouver du travail. Dire d’une femme qu’elle est traumatisée ne va pas l’aider à s’échapper d’un mari violent. Et les séances de growth mindset ou de mindfulness n’aident pas les enfants pauvres à mieux réussir à l’école - quand ils n’ont même pas les moyens de payer la cantine.

Quand une plante se flétrit, on ne la diagnostique pas de “syndrome du flétrissement de la plante”, on lui donne plus d’eau, de l’engrais ou on la met plus au soleil. On change ses conditions de vie.

Quand c’est un humain, on lui diagnostique un trouble et on lui dit qu’il va falloir faire avec.

Pour déstigmatiser les troubles mentaux, on explique qu’ils sont des troubles comme les autres, comme des troubles physiques. C’est faux. Les causes des troubles mentaux les plus nombreux, la dépression et l’anxiété, proviennent de notre société et de l’incapacité de notre société à nous protéger de ces troubles.

La thérapie est une solution qui fonctionne, et qui permet à de nombreuses personnes d’aller beaucoup mieux. Mais c’est une solution médicalisée, individualiste, et très coûteuse de palier des problèmes systémiques sans en adresser les causes. Si on se blesse à chaque fois qu’on passe une porte, est-ce qu’on préfèrerait mettre des pansements à chaque fois où repenser le fonctionnement de la porte pour arrêter de se blesser ?

Encourager les individus à s’adapter à un système qui crée des troubles mentaux, c’est aussi faire souffrir les populations les plus vulnérables, les personnes précaires, les plus pauvres, les femmes, les marginalisés.

Plutôt que de changer “d’état d’esprit” en thérapie, il faut modifier le fonctionnement de nos sociétés, que cela soit dans la propriété et le système économique. Il faut protéger les citoyens du manque de logement, de chauffage, de nourriture, ce qui est nécessaire à la survie. Tout comme on protège la plante en lui donnant de l’eau, de la terre et du soleil.

Une question importante s’il en est : est ce qu’avoir des enfants rend moins heureux ?

La réponse immédiate est simple, oui et de beaucoup. ça rend même moins heureux que le divorce ou la mort du partenaire.

Sauf que les réponses simples ne sont pas les meilleures. L’image que vous voyez juste au dessus provient de participants américains et l’image que vous allez voir ci-dessous montre que y’a quand même un truc qui cloche avec les américains :

Et oui, les américains sont extrêmement moins heureux avec un enfant que sans enfant, alors que pour d’autres pays (Belgique, Allemagne…), il n’y a pas vraiment de différence. D’autres pays non listés dans l’image sont même plus heureux avec enfant que sans enfant, c’est le cas de la Hongrie et la Bulgarie par exemple. Pourquoi ? La raison est simple.

Les enfants coutent cher (graphique du dessus) et demandent du temps de travail (graphique du dessous). Dans le graphique du dessus, plus le pays a fait des efforts pour réduire le prix et la difficulté à trouver un moyen de garde d’enfant, plus le bonheur des parents augmentent. Pour les quelques pays où le moyen de garde est inférieur à 5% du salaire, les parents sont plus heureux que les non-parents. Dans le graphique du dessous, plus le parent peut avoir de congés parentaux, plus il est heureux - et encore une fois, s’il a plus de 20 semaines de congés parentaux, les parents sont plus heureux que les non parents. C’est le cas de la Norvège (54 semaines) ou encore la Bulgarie (58 semaines).

Si on prend les pays les “moins heureux”, ce sont les pays qui compensent le moins la parentalité. La Grèce a bien 26 semaines de congés parental, mais compensé à seulement 50% du salaire. En Irelande, c’est compensé à 262€ par semaine ce qui représente moins que le smic. Au Royaume-Uni, il n’y a que 2 mois payés à 90% du salaire puis peanuts (c’est un mot anglais pour dire qu’on est payé des cacahuètes). Aux USA bon bah là y’a rien du tout faut reprendre le boulot le lendemain pas le temps de niaiser. Et tout cela sans prendre en compte le prix de la garderie et la difficulté à trouver des places.

Bref, ce n’est pas avoir des enfants qui rend malheureux, c’est le manque de protection de l’état face aux difficultés de la parentalité.

Allons encore dans les détails. Ce sont surtout les femmes qui indiquent être malheureuses avec des enfants plutôt que les hommes. Là encore on peut trouver deux explications. La première est la relation avec la satisfaction du couple : les hommes, s’ils sont pas content d’être avec leur femme, ils se barrent. Les femmes restent pour avoir un homme à la maison. La deuxième raison est que les femmes qui sont le plus “malheureuses” sont les femmes avec un ou deux enfants. Et elles indiquent regretter… de ne pas pouvoir avoir plus d’enfant. Que cela soit parce que c’est trop cher, qu’il n’y a pas le temps pour s’en occuper, que la maison est trop petite. On se retrouve alors avec la conclusion opposée au début de ce passage, les personnes (surtout les femmes) avec des enfants sont plus malheureuses que sans enfants, parce qu’elles auraient aimé en avoir plus.

Enfin, si ça peut rassurer les parents, toutes les études s’accordent à montrer que les enfants rendent plus heureux que de ne pas avoir d’enfants… une fois que les enfants ont quittés la maison.

En conclusion, et si je peux vous donner un seul conseil, faites ce que vous voulez mais ne faites pas d’enfants aux USA.

Sources :

https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5222535/ https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6656342/

Neutre ou végétarien ?

On a proposé à 955 danois mangeurs de viande s’ils préféraient un ragoût au curry ou un ragoût au curry végétarien (alors que c’est la même recette). En moyenne, le ragoût au curry a été préféré entre 5 et 7 % du temps s’il était végétarien et 10% s’il était neutre. Pour les vrai carnivores, ceux qui veulent pas du végétarien, le ragoût végétarien a été préféré 3% du temps et le ragoût neutre 10% du temps. Les résultats sont également semblables pour les personnes indiquant vouloir réduire leur consommation de viande.

Le label neutre (ne pas dire qu’un repas est végétarien) est donc utile pour contrer la réactance des mangeurs de viandes, même si c’est plus difficile pour un végétarien de se repérer dans le menu.

Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0272494422001220?

Ce que les infos font ressentir

Des chercheurs ont fait de longs entretiens avec des citoyens anglais sur les raisons qui les poussent à consommer ou non de l’information, sur les réseaux sociaux, les médias traditionnels, les podcasts etc… Ils se sont rendu compte que beaucoup d’entre eux utilisaient des stratégies pour éviter de voir des informations parce qu’ils étaient anxieux que les informations soient mauvaises. Je ne suis pas surpris de ces résultats, ayant moi-même préféré couper les réseaux sociaux durant la crise covid, c’était très anxiogène.

Ce qui est important ici, c’est de remarquer à quel point l’anticipation de l’anxiété a un rôle dans l’accès à l’information. Chaque citoyen, pour faire des choix éclairés, doit pouvoir être au courant des affaires politiques, économiques et sociales de son pays. En quoi le fait de vouloir se couper des informations pour anticiper des émotions négatives affecte notre relation à notre société ? Cette question anime les chercheurs travaillant sur ce sujet, dont il reste beaucoup à découvrir.

Source : https://t.co/LSMxbLvp8D

J’suis un bo gosse !

Une recherche sur plus de 100 000 personnes dans le monde entier s’est intéressée aux comportements d’amélioration physique, que ça soit se maquiller ou faire du sport par exemple.

Cette recherche indique que les femmes prennent plus de temps que les hommes à améliorer leur physique, et principalement sur du maquillage plutôt que du sport. Mais plus le pays est égalitaire, plus cette différence s’atténue. Le conservatisme culturel (les femmes à la maison, les hommes au boulot) est donc une cause probable de cette différence, les femmes ayant plus de temps pour s’apprêter. Cette explication est renforcée par le fait que, contrairement aux hypothèses évolutionnistes, ce sont les femmes âgées et mariées qui prennent le plus de temps pour s’apprêter, et non pas les femmes célibataires.

L’exception étant les personnes en recherche active de compagnon qui passent également plus de temps à prendre soin de leur physique, homme comme femme.

Cette recherche indique également que les personnes avec un handicap physique prennent plus de temps pour améliorer leur physique, probablement parce qu’ils cherchent à compenser ce handicap (cette relation causale n’a pas été testé). Enfin, plus on passe de temps sur les réseaux sociaux, plus on cherche à améliorer son physique, un autre moyen de montrer que l’amélioration du physique est un facteur social.

Bref, l’amélioration de l’attractivité physique est universelle (moins de 1% des personnes indiquaient ne faire aucun effort) et s’explique principalement par des causes culturelles et sociales. Cependant, l’étude est corrélationnelle : c’est un sondage et pas une étude expérimentale, ce qui ne permet pas de conclure définitivement sur ces hypothèses. Enfin, le sondage nécessitait d’avoir accès à un ordinateur, et ainsi, seuls les plus riches des pays pauvres ont pu répondre aux questions, ce qui a probablement biaisé les résultats dans ces pays.

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1090513822000472?via%3Dihub

La méthode expérimentale n’est pas un outil neutre

(traduction et résumé de l’article suivant : https://www.psychologicalscience.org/observer/experimental-methods).

Durant des décennies, la recherche a montré à quel point nous sommes nuls en raisonnement statistique : nous surestimons à quel point les autres sont en accord avec nous, on pense que deux évènements ont plus de chance d’arriver simultanément qu’un seul de ces évènements, que des évènements tragiques et rares ont plus de chance de se produire que des évènements communs (genre accident d’avion vs. de voiture).

Selon le récipiendaire (on a le droit d’utiliser des mots compliqués aussi) du prix d’économie en hommage à Nobel, Richard Thalers, les biais cognitifs sont si présents dans nos décisions qu’ils sont la norme de nos jugements et ne sont pas des exceptions.

Le problème ? Les biais cognitifs ne dépendent pas seulement de la décision des participants des expérimentations, ils dépendent aussi de la méthode que l’on utilise pour les mesurer. Je vous explique.

Dans les années 80, les travaux de Kahneman et Tversky ont mis en évidence des heuristiques, des raccourcis mentaux fortement liés aux biais cognitifs.

Cependant, en 1967, soit plus de 10 ans avant, une revue de la littérature sur les prises de décision basée sur 160 travaux de recherche montrait que les êtres humains étaient particulièrement bons à prendre des décisions. Peterson et Lee Roy Beach, les deux auteurs, indiquaient que “les gens semblent être des statisticiens intuitifs”. Une grosse différence avec la littérature des années 80.

Comment les chercheurs en psychologie ont pu aussi radicalement modifier leur manière de penser en 10 ans ?

Une analyse de plus de 600 études (Lejarraga & Hertwig, 2021) montre que cette différence s’explique principalement par la méthode utilisée.

Dans les expériences des années 60, les chercheurs proposaient aux participants de s’exercer sur une prise de décision, puis de décider entre plusieurs choix plusieurs fois. On regardait alors le pourcentage de bons choix fait d’affilée.

Mais les expérimentations de Kahneman et Tversky, et celles des décennies suivantes, ne fonctionnent pas du tout de la même manière. Dans ces expérimentations, il y a des scénarios avec des protagonistes qui font des choix, et les participants doivent “voter” pour qui a fait le meilleur choix. Il n’y a pas de possibilité d’apprendre et d’avoir un retour sur son choix : on fait un choix, point.

Ainsi, toutes les études qui permettent aux participants d’apprendre de leurs erreurs et de pratiquer leur prise de décision montrent que les humains prennent de bonnes décisions, et ont une bonne intuition, tandis que les études qui obligent les participants à faire un choix unique sans feedback montrent qu’ils sont biaisés et mauvais pour faire des choix : la méthode expérimentale n’est pas neutre.

Cependant, si on regarde l’ensemble des articles publiés entre 1970 et 1980, on se rend compte que les articles montrant que les participants font de mauvais choix sont largement plus cités que ceux montrant que les participants ont fait de bons choix. Pourquoi ?

Principalement parce que la méthode utilisée par Kahneman et Tversky, nécessitant qu’un papier avec un paragraphe écrit dessus (le scénario avec les deux protagonistes), est facile à imaginer, rapide à faire passer, et peu couteuse. Les protocoles des années 60 nécessitent d’utiliser un algorithme pour faire gagner ou perdre selon les indications, d’avoir un retour, de récupérer les données de chaque essai, etc.. c’est facile avec un programme informatique en 2022, moins dans les années 80.

Une seconde explication qui s’ajoute est que les chercheurs ont souvent tendance à attribuer des résultats expérimentaux aux dispositions des individus plutôt qu’au protocole expérimentale : pour eux, les résultats existent parce que qu’ils reflètent le fonctionnement des individus, et pas parce qu’on a mesuré d’une certaine façon (ce qui est d’ailleurs un biais cognitif : l’erreur fondamentale d’attribution).

Ces conclusions ont un impact énorme sur notre quotidien : les décideurs politiques et économistes ont intégré l’idée que les humains faisaient des mauvais choix et qu’il fallait les aider à faire de bons choix, par exemple à travers les nudges, des coups de pouces environnementaux. L’efficacité toute relative voir inexistante des nudges montre bien que ça ne suffit pas.

La méthode expérimentale descriptive, basée sur des scénarios, est intéressante, mais il faut la coupler avec une méthode active basée sur l’expérience du participant pour s’assurer de la qualité de la prise de décision de l’individu afin d’avoir une meilleure connaissance de notre capacité à prendre des décisions.

Voici la conclusion des auteurs :

Le débat sur les intuitions statistiques des gens a des implications importantes sur la façon dont on peut aider les citoyens à prendre de meilleures décisions. Les recherches fondées sur le protocole expérimental justifient un optimisme plus grand à l’égard des interventions destinées à améliorer les compétences des personnes que ne l’a supposée l’approche du nudging. Il est temps pour les décideurs politiques d’explorer pleinement le potentiel de la stimulation, une approche politique fondée sur les sciences comportementales qui vise à renforcer les compétences des personnes à faire de bons choix tout en respectant leur agence et leur autonomie (voir, par exemple, Hertwig & Grüne-Yanoff, 2017). Les deux approches, le nudging et le boosting, devraient avoir leur place dans la boîte à outils du décideur politique.

La réussite amène-t-elle à vouloir tricher ?

Une étude publiée en 2016 indiquait que les personnes ayant gagné une compétition souhaitaient plus tricher que d’autres dans une compétition suivante. Cette étude a eu des effets en économie, notamment pour comprendre les ressorts psychologiques de l’évasion fiscale (Personnellement, ça m’a beaucoup aidé à me mettre à la place de Bernard Arnault et je remercie les chercheurs pour ça).

Cependant, une réplication publiée le 3 août dernier a été non concluante : les auteurs n’ont pas réussi à retrouver l’effet du premier article.

La raison ? Il n’y avait que 43 participants dans les expérimentations du premier article, trop peu pour mettre en évidence l’absence d’effet : c’est très probablement un faux positif. Il y avait aussi un souci d’aléatoirisation des participants selon les groupes entre les gagnants et les perdants. Bref, je vous laisse constater les résultats de la réplication (sur 252 participants) :

Il n’y a clairement aucune différence.

Source : https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rsos.202197

Comment éviter de mesurer la solitude

Une recherche a comparé 8 échelles et sous échelles mesurant la solitude.

Une majorité d’entre elles n’avait pas une fidélité test-retest suffisante, ce qui signifie que les participants répondaient trop différemment quand ils repassaient l’échelle.

Plus inquiétant, pour toutes les échelles, certains items… ne mesurent pas la solitude. En fait, pour certaines sous échelles, plus de la moitié des items ne mesurait pas la solitude.

Il n’existe donc pour l’instant aucune mesure fiable de la solitude.

Source : https://www.mdpi.com/1660-4601/19/17/10816

La thérapie d’acceptation et d’engagement sur la dépression

Une Revue a comparé l’efficacité de la thérapie d’acceptation et d’engagement par rapport à d’autres thérapies sur les symptômes de la dépression.

De nombreuses études comparent la thérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) à un groupe contrôle (placebo) et trouvent que l’ACT est plus efficace. En même temps, c’est facile d’être plus efficace que rien.

D’un autre côté, très peu d’études comparent l’ACT à d’autres thérapies pour évaluer leur efficacité relative.

Les rares études la comparant à la psychanalyse manquent de participants et de standardisation. Les études la comparant à la thérapie cognitive et comportementale (TCC) indiquent que la TCC est plus efficace que l’ACT pour traiter la dépression. Cependant, une nouvelle fois, les études manquent de participants pour être sûr d’une différence.

Les chercheurs doutent donc que l’ACT puisse être utile en première intention pour aider des patients avec une dépression.

Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0005789422000764

Guide sur le harcèlement sexuel dans l’ESR

Le CLASCHES, Collectif de Lutte Anti-Sexiste Contre le Harcèlement sexuel dans l’Enseignement Supérieur, a publié un nouveau guide sur le harcèlement sexuel dans l’enseignement supérieur et la recherche. Ils indiquent que ce guide n’est pas seulement destiné aux étudiants, mais à toutes les victimes de harcèlement sexuel dans ce milieu.

Le guide est en libre accès ici : http://clasches.fr/wp-content/uploads/2020/09/Brochure-Web-20201.pdf

Une investigation sur le docteur Rezk

Si vous trouviez peut-être qu’il n’y avait pas assez d’études portées sur les troubles et conditions des femmes, vous n’allez pas être dépaysé.

51 articles scientifiques publiés par le Dr Rezk, chercheur en obstétrique et gynécologie, semblent être des faux.

En particulier, plusieurs articles se basent sur les mêmes données. Plusieurs ont des nombres de participants impossibles. Sur les études basées sur des maladies biologiques, les taux rapportés étaient beaucoup plus élevés que dans le reste de la littérature. Dans certains articles, il était impossible que des participants aient pu répondre au questionnaire post intervention avant que les données aient été soumises à l’éditeur. Bref, c’est chaud.

Source : https://europepmc.org/article/ppr/ppr485030

Le bonheur diminue au milieu de la vie

Basé sur l’analyse de 1.3 million de personnes de 51 pays différents, le bonheur suit une courbe de u inversée, diminuant au cours du temps jusqu’à 50 ans et augmentant par la suite. Les différentes lignes de couleurs sont les différents jeux de données utilisés dans l’analyse. Elles baissent toutes entre 40 et 60 ans.

Source : https://www.nber.org/system/files/working_papers/w23724/w23724.pdf

Pauvre, mais pas par choix

Une étude sur 27 pays et 5000 participants a été conduite par une équipe de 36 chercheurs. Ils voulaient explorer si la pauvreté était associée à des biais cognitifs afin de se dire “si les pauvres sont pauvres, c’est peut-être parce qu’ils ne pensent pas assez bien”. Alors, je vous rassure, les chercheurs voulaient prouver le contraire.

Pour le tester, ils n’ont pas comparé les riches et les pauvres, mais les pauvres restés pauvres et les pauvres qui sont devenus riches, qu’ils appellent les “déviants positifs”. L’idée est de voir si ces déviants positifs sont moins biaisés que les pauvres restés pauvres.

Et pour les résultats, ils n’ont pas trouvé de différence dans les types de biais cognitifs relatifs aux prises de décision financière selon le niveau de richesse. Ainsi, les pauvres ne peuvent pas être pauvres à cause de mauvais choix financiers.

Ce qui est intéressant, en premier, c’est de voir qu’il y a quand même de grosses différences dans le taux de déviants positifs dans le monde entier. Je ne sais pas si ça signifie qu’on peut se sortir plus facilement de la pauvreté au Canada et USA qu’ailleurs, mais il y a tout de même de grosses disparités.

Cette carte montre le pourcentage de déviants positifs (de pauvres qui ne sont plus pauvres) dans leur échantillon en fonction du pays.

Et enfin, si on compare les “pauvres” et les “anciens pauvres qui le sont plus”, peu importe le biais, il n’y a pas de différence.

J’en profite pour vous parler à nouveau de ce super livre de Denis Colombi, Où va l’argent des pauvres, qui est super bien écrit et très intéressant. Merci de ne pas l’acheter à la Fnac.

Source : https://psyarxiv.com/mrxy6

Pourquoi bougeons-nous les yeux durant le sommeil ?

Chez la souris, des chercheurs ont remarqué que les mouvements oculaires rapides amènent une reconnaissance des représentations internes des directions de la tête. En utilisant des capteurs de mouvement couplés avec un détecteur des ondes de direction de tête dans le cerveau, les chercheurs ont montré que les mouvements d’œil coïncident presque parfaitement avec les cellules responsables du changement de direction de la tête.

Ainsi, il est possible de prédire les endroits où se déplacent ces souris dans leurs rêves en fonction du mouvement de leurs yeux pendant leur sommeil.

Source : https://www.science.org/doi/epdf/10.1126/science.abp8852

Sa majesté des mouches

Une étude sur des enfants de 5 à 10 ans indique que les enfants attribuent des préférences aux groupes selon des choix “ce groupe est le préféré de tous, ce groupe est le moins aimé de tous” et utilisent cette préférence pour en induire une hiérarchie sociale : le groupe préféré est celui des leaders, le groupe le moins préféré est celui des aidants.

Dès 5 ans, les enfants ont donc une compréhension relativement fine des conséquences du statut social - indépendament du statut physique, et ont intégré que les individus du statut social plus élevé sont des leaders par rapport aux autres.

https://doi.org/10.1111/desc.13366

Redéfinir le “Mommy brain”

Plus de 80% des jeunes mamans disent avoir une mémoire “embrumée” avec des difficultés à se souvenir. Pourtant, les tests objectifs de mémoire n’indiquent aucune différence entre les jeunes mamans et les autres femmes du même âge. Pourquoi ? cela peut être dû non pas à un déficit de la mémoire des femmes avec un jeune enfant, mais à une pression mise sur les jeunes mamans à ne rien oublier, plus importante que chez les autres femmes. C’est donc un effet de pression sociale qui impacte négativement les jeunes mamans.

D’un autre côté, la maternité affecte positivement la mémoire long-terme. Les femmes ayant eu un enfant on une mémoire à long terme légèrement meilleure que les autres (probablement parce qu’elles l’utilisent plus).

Il est donc temps de redéfinir le mommy brain. Le mommy brain n’est pas lié à un déficit. C’est une réorganisation mentale, hormonale et biologique du cerveau féminin pour accueillir l’enfant (qui existe également, dans une moindre mesure, chez le père). Le mommy brain n’est pas un déficit, c’est une adaptation.

https://jamanetwork.com/journals/jamaneurology/article-abstract/2801288

Pourquoi les mauvais traitements infligés aux enfants augmente les risques psychiatriques ?

Dans certains modèles de recherches, la maltraitance provoquerait des altérations neurocognitives qui rendrait plus à risque de développer un trouble psychiatrique. On a pu voir juste au dessus que ce lien de cause à effet était faible, et qu’il faudrait plutôt investiguer le contexte environnemental de la maltraitance. Une nouvelle recherche propose un modèle social à “médiation neurocognitive” : ce qui augmente les risques psychiatriques est un mélange entre les différentes influences sociales protectrices ou non face à la maladaptation neurocognitive suivant les mauvais traitements.

Vous allez me dire “rien de nouveau, on sait qu’il faut protéger les enfants victimes de maltraitance”. La nouveauté réside surtout dans l’intégration en un seul modèle de la médiation entre les facteurs internes, neurocognitifs, et externes, sociaux, qui permettra aux chercheurs d’établir de nouvelles modélisations lorsqu’ils voudront investiguer le lien entre maltraitance et risques psychiatriques.

https://www.thelancet.com/journals/lanpsy/article/PIIS2215-0366(22)00202-4

Maltraitance parentale et troubles psychologiques

Une méta-analyse s’intéresse à la question : Est ce que des mauvais traitements parentaux provoquent des troubles psychologiques ?

La maltraitance étant définie comme étant : avoir vécu avant 18 ans des abus physiques, abus sexuels, abus émotionnels, négligence physique, émotionnelle, négligence institutionnelle/privation, discipline physique sévère ou peine corporelle.

La méta-analyse a regroupée 34 études sur 54 000 participants. La réponse m’a assez surpris : la maltraitance parentale n’a qu’un effet assez faible sur le risques de troubles psychologiques, au moment des maltraitantes ou plus tard dans la vie. Les risques de troubles psychologiques ne sont pas en lien direct avec de la maltraitance parentale, mais un mélange de facteurs de risques génétiques et environnementaux, dont les maltraitances font parties.

Cependant, tous les typtes de maltraitances n’ont pas les mêmes risques d’amener des troubles psychologiques. Les types de maltraitances qui provoquent les troubles les plus importants sont la violence psychologique et la négligence institutionnelle, qui impactent l’ensemble des troubles psychologiques (dépression, anxiété, idées suicidaires, TDAH, autisme, addiction à l’alcool ou à d’autres subtances etc…).

Ici est reporté la taille d’effet des maltraitances infantiles sur la santé mentale selon le type de trouble. 0 signifie pas d’effet, un effet est considéré comme faible a partir de 0.30 et moyen à partir de 0.50.

Source: https://ajp.psychiatryonline.org/doi/10.1176/appi.ajp.20220174

Le congé paternité pas si évident

Une étude sur 10 000 naissances en france indique que le fait que les pères prennent 2 semaines de congé parental (au lieu de 3 jours) réduit légèrement les risques de dépression du post-partum chez le père… mais augmente (légèrement également) les risques de dépression post-partum chez la mère.

Les raisons ne sont pas évidentes et nécessitent plus de travaux de recherche.

Source: https://www.thelancet.com/journals/lanpub/article/PIIS2468-2667(22)00288-2/fulltext

La phase du “peut-être”

Les enfants de trois ans n’ont qu’une représentation minimale du concept de “peut-être”.

On propose à des enfants de trois ans de jouer à un jeu “à prendre ou à laisser”. À gauche, une boîte avec un prix dedans. À droite, deux boîtes dont une seule contient un prix. On demande aux enfants s’ils préfèrent ouvrir la boite de gauche ou la boite de droite.

Rationnellement, on devrait toujours ouvrir la boite de gauche car on est sûr d’avoir le gain. Pourtant, les enfants de 3 ans ouvrent autant les boites de gauche que de droite.

Il comprennent bien la question car quand on leur demande d’enlever une boite, ils enlèvent presque toujours une des deux boites de droite (donc ils savent qu’il y a une boite vide à droite). Alors, pourquoi est ce qu’ils choisissent aléatoirement entre la gauche et la droite ? Car ils ne pensent pas qu’ils pourraient ne pas avoir le prix à droite. Ils n’ont pas encore acquis le concept du “peut-être”.

Source: https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.2207499119

… mais pas sur les aires de jeu

D’un autre côté, une recherche (toujours en finlande) ethnographique sur l’usage des aires de jeu montre que si des familles de plusieurs ethnies l’utilisent, il n’y a que peu de contacts inter-ethnies entre les mères (donc entre les enfants). S’il y a bien un contact de surface, il est illusoire et en réalité il est bien plus difficile de créer du lien.

https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/01902725221116632

Migrer en Finlande avec un enfant …

À travers une série de deux entretiens avec des familles finlandaises, des chercheurs ont identifié trois thématiques sur l’expérience des mères migrantes dans leur contact avec les femmes finlandaises : avoir un enfant rend les femmes migrantes plus visibles du reste de la population, les amène à recherche un contact harmonieux et à anticiper les problèmes liés au groupe local. L’enfant est une opportunité pour la mère de créer des contacts avec des membres d’autres groupes ethniques.

Source : https://jspp.psychopen.eu/index.php/jspp/article/view/7477

Un peu plus nombreux

Les efforts de conservation payent. Les mammifères font leur grand retour en europe (comparaison entre 1960 et 2013).

https://ourworldindata.org/europe-mammal-comeback

L’inclusivité en neuroscience, c’est pas encore ça.

En neuroscience, 24% des études n’ont que des participants hommes, 3% n’ont que des participantes femmes.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35440664/

Une hormone pour améliorer l’intellect liée à la trisomie 21

Une étude pilote faite sur 7 patients atteints de trisomie 21 indique que l’injection d’une hormone, la GnRH, pendant 6 mois, augmente (un peu) des fonctions cognitives chez ces patients.

En particulier, l’amélioration porte sur la représentation 3D (compétences visuospatiales), de meilleures fonctions exécutives (suivre une consigne), et une amélioration de l’attention.

L’étude ne porte que que 7 hommes entre 26 et 29, elle n’est pas encore généralisable. Espérons que la suite soit favorable !

https://www.science.org/doi/10.1126/science.abq4515

La dissociation en 5 points

La Dissociative Experience Scale, l’échelle la plus utilisée dans la mesure de l’expérience de la dissociation, a des items problématique qui sont mal interprétés par les participants. Ce résultat pose des gros problèmes concernant les études publiées sur le sujets qui n’ont pas contrôlés pour ces questions.

https://psycnet.apa.org/record/2022-92587-001

Revue Cochrane sur l’intestin irritable

Cochrane a fait une revue sur la question : Quelles activités sont bénéfiques ou non sur le syndrome de l’intestin irritable. Voici les résultats.

Pratiquer une activité physique (yoga, course ou musculation) entre 6 et 24 semaines ne semble pas bénéfique sur les symptômes de l’intestin irritable. Mais comme pour la vitamine d, la majorité des études sont de mauvaise qualité.

À l’inverse, très peu d’études se sont intéressés aux effet négatifs de l’activité physique sur ce syndrome.

Au vue de la possibilité qu’il n’y ait aucun effet ou très peu de l’activité physique ou non pour la qualité de vie du patient, les chercheurs ne recommandent pas l’activité physique dans le traitement de l’intestin irritable.

https://www.cochrane.org/CD011497/GUT_what-are-benefits-and-harms-physical-activity-people-irritable-bowel-syndrome

Hier (le 12.04.2023) une conférence s’est tenue au collègue de France sur ce que l’on sait de l’activité physique en lien avec les troubles alimentaires. elle n’est pas encore dispo en replay mais checkez youtube la semaine prochaine si le sujet vous intéresse.

Si juvabien

La vitamine D est une vitamine connue pour consolider les os. Mais elle est aussi étudiée en psychologie car on a observé que la carence en vitamine d semble être lié à une humeur négative, voir à la dépression.

Alors, est ce que la vitamine d est intéressante à prendre en supplémentation pour contrer les symptômes dépressif ? Une méta-analyse indique qu’on ne peut pas savoir car les études faites sur le sujet sont de trop mauvaises qualité.

https://www.tandfonline.com/doi/full/10.1080/10408398.2022.2096560

L’inoculation (et je parle pas de se mettre des trucs dans les yeux)

Mettre un court clip expliquant différentes techniques de manipulation avant une vidéo permet d’améliorer la reconnaissance de ces techniques dans la vidéo, augmente la confiance dans le fait de reconnaitre une fausse information, augmente le sentiment de pouvoir discerner entre les vraies et fausses informations et diminue le partage des fausses informations.

En tout cas, ça a marché pour 5 vidéos sur youtube (avec 22 632 personnes ayant rempli un questionnaire après cette vidéo).

Les vidéos d’inoculation sont là : https://inoculation.science/inoculation-videos/ et l’étude ici : https://www.science.org/doi/10.1126/sciadv.abo6254

À quoi sert la sérotonine ?

Rappelons qu’une même molécule est appelée hormone dans le corps et neurotransmetteur dans le cerveau.

Dans le corps, la sérotonine sert (entre autre) à démarrer ou arrêter le système digestif en fonction de notre environnement : si nous devons faire face à un stress ou une situation importante, la sérotonine inhibe la digestion. Si on est calme et détendu, alors la sérotonine redémarre la digestion.

Un groupe de chercheur propose une théorie analogue de la fonction de la sérotonine dans le cerveau : elle servirait de mise en démarrage/arrêt de fonction cérébrale. En effet, de très nombreuses études montrent que dans le cas de problèmes cognitifs à résoudre, le cérébéllum réponds au problème de manière automatique. Si cela ne fonctionne pas, il faut passer au cortex cérébral. Et c’est exactement de cette manière qu’est organisé anatomiquement le réseau de sérotonine : avec beaucoup de récepteurs de sérotonine dans le cortex cérébélleux et une organisation dans le cortex au niveau des pyramides neuronales. Une décharge de sérotonine pourrait alors inhiber les réponses du cortex cérébélleux pour démarrer une réponse du cortex cérébral. Cela permet aussi de faire des métaphores entre le système digestif et les troubles mentaux, en ce cas, la dépression ressemblerait à une constipation - un mode dominant de processus cérébélleux, et l’anxiété une forme de diarrhée - avec un mode dominant de réponse du cortex à des problèmes qui ne sont pas nécessaire de résoudre. Tout ceci est très intéressant pour mieux comprendre le rôle de la sérotonine dans le cerveau sur l’automaticité des processus mentaux, il en reste une métaphore permettant de simplifier les différents processus en jeux.

Source: https://shine-lab.org/wp-content/uploads/2022/08/2022_brain.pdf

Tu bluffes Dr Kawashima

L’entrainement cognitif est une industrie multi-millionnaire, dont les techniques sont utilisées dans de nombreuses entreprises, dans des jeux vidéos ou des livres de tests psychotechniques. L’idée est de s’entrainer à résoudre des problèmes, faire des jeux genre de sudoku en se disant que ça améliore de manière générale les facultés cognitives. Sauf que ça ne fonctionne pas. Il n’y a aucune preuve de l’efficacité de l’entrainement cognitif, les méta-analyses favorisant plus l’hypothèse que ça ne fonctionne pas. Plus exactement, s’entrainer au sudoku te rendra juste meilleur au sudoku. Il n’y a pas de preuve de transfert d’une activité à une autre.

Source : https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/17456916221091830

Faites vos propres méta-analyses

Il existe un site pour faire vos propres méta-analyses sur des études de psychothérapies, basé sur des données ouvertes. En quelques clics, vous pouvez faire vos propres méta-analyses. Comme ça vous devriez un peu plus comme moi.

https://www.metapsy.org/

La fausse universalité des émotions

Quand j’étais étudiant en licence, j’ai appris qu’il existait des émotions universelles, la colère, la tristesse, la peur, la surprise, la joie, le dégoût. Ces émotions sont profondément enfouies dans notre cerveau et datent d’il y a si longtemps que tout le monde les possède (et même d’autres animaux).

Sauf qu’en fait, ben pas vraiment.

La langue Luganda (d’Ouganda) utilise le mot okusunguwala, signifiant colère et tristesse. Pour les personnes parlant cette langue, il n’y a aucune différence entre ces deux émotions.

Les Japonais sont choqués qu’en Europe, il n’existe pas l’émotion d’amae, l’émotion définie comme “une dépendance totale à l’égard de l’indulgence nourricière de leur soignant”.

Lorsqu’on demande à des participants turcs de lister des émotions, ils ne listent uniquement que des comportements. En effet, ils listent “rire” plutôt que “joie”, “pleurer” plutôt que “tristesse”. Pour eux, “crier” est une émotion, tout comme “aider”.

Bref, il existe énormément de contre-exemples dans le monde à la théorie des émotions “universelles”. Le dessin animé vice-versa présentant ces 6 émotions possède une vision exclusivement centrée sur la représentation des émotions en Europe et aux États-Unis. Il est donc nécessaire d’être très prudent sur les différences de ressenti et de représentation d’émotions entre les pays et cultures.

Source : https://www.newyorker.com/magazine/2022/08/08/how-universal-are-our-emotions?

Les enfants de petit bambou

Une étude sur plus de 8000 enfants de 11 à 16 ans n’a pas trouvé d’effets positifs de la méditation de pleine conscience sur la santé mentale des enfants.

Attention aux réactions hâtives : dans cette étude (qui en fait est un agrégat de 5 expérimentations différentes), les enfants avaient obligation de participer en classe à ces séances - 10 séances durant entre 30 et 50 minutes. Or, à l’adolescence, il serait plutôt logique de proposer aux enfants de faire des choix, notamment, car c’est une période propice à l’autonomisation. De manière générale, les interventions “obligatoires” à l’école échouent dans leur objectif, précisément parce qu’elles sont obligatoires.

Est-ce-que la méditation de pleine conscience ne sert à rien pour les enfants ? Peut-être. Ce qui est important, c’est de leur laisser le choix.

https://www.bmj.com/company/newsroom/universal-uk-school-based-mindfulness-training-to-boost-teen-mental-health-probably-not-warranted-2/

Le masque de l’émotion

la majorité des études qui travaillent sur le lien entre l’utilisation de masque et la reconnaissance des émotions, notamment pendant l’épidémie de COVID-19 (vous vous souvenez ?), montre aux participants des photos de tête avec et sans masque et remarquent que le masque altère la reconnaissance des émotions.

Une nouvelle étude avec des photos de personnes en entier (avec tout le corps) indique qu’en fait, si on prend l’individu dans sa totalité, le masque n’altère pas du tout la reconnaissance des émotions.

Bref tout un chichi pour pas grand-chose.

Source : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fnins.2022.915927/full

Pinocchio IRL

Éviter de mentir pendant 10 semaines améliore la santé mentale en établissant des liens plus forts avec les personnes autour de soi. L’honnêteté apporte une joie et une connexion inattendues par les participants.

De manière générale, les participants avaient fortement tendance à penser que l’honnêteté aurait des effets plus négatifs qu’ils en ont eu réellement, et en sous-estimaient les effets positifs.

Source: https://psycnet.apa.org/record/2018-42340-005

Un climat de théorie du complot

Une méta-analyse indique qu’il existe une association moyenne à importante entre les croyances dans les théories du complot sur le climat et une moindre acceptation de la science en général, de l’intérêt pro-environnemental et une moindre confiance envers les scientifiques.

Les tenants d’une théorie du complot climatique ont moins envie d’améliorer l’environnement que les autres, et sont plutôt contre des lois pro-environnementales. Il y a une différence très forte selon les études et des grosses possibilités de biais de publication, et très peu d’études au total, Au final, il reste beaucoup à découvrir sur les raisons qui amènent à croire à des théories du complot sur le climat.

Source: https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S2352250X22001099

La masculinité toxique sur les sites de rencontre

Cet article ne provient pas d’une étude scientifique mais d’un rapport fait par une application de rencontre sur les profils de ses utilisateurs. L’application s’appelle OkCupid. Les analystes de données ont regardé l’âge moyen des hommes recherchés par les femmes selon leur âge, et l’âge moyen des femmes recherchées par les hommes selon leur âge. Sans surprise, les hommes sont des gros chiens.

À gauche le graphique pour les femmes et à droite pour les hommes. Sur l’ordonnée (la droite verticale) l’âge de l’individu et dans le graphique, l’âge moyen des recherches. Si les chiffres rouges sont pile sur la diagonale, alors la personne recherche des personnes de son âge (ce qui est plutôt le cas pour les femmes, avec une tendance à chercher légèrement plus vieux quand elles ont entre 20 et 25 ans et plus jeune à partir de 40 ans).

Pour les hommes, peu importe leur âge, ils choisissent que des filles de 20 ans. ça se passe de commentaire.

Source : https://medium.com/@okcupid/the-case-for-an-older-woman-99d8cabacdf5

Miam Miam

Connaissez-vous le test du marshmallow ? Il provient d’une étude de 1972 sur la gratification différée : on demande à des enfants de ne pas manger un marshmallow, puis on se retire pour voir si l’enfant arrive à se contenir par lui-même. Selon les chercheurs, les enfants qui avaient réussi à ne pas manger le marshmallow avaient eu plus de succès dans la vie que les autres.

Une étude sur 13 629 participants adultes de 61 pays différents montre que la majorité des personnes préfèrent “manger le marshmallow” directement, indépendamment de leur passé, de leur classe sociale, de leur ethnie ou pays. En fait ils n’ont pas passé le test du marshmallow mais des tests pour adultes.

Il y a cependant des facteurs qui augmentent la chance de “manger directement de marshmallow” : l’inflation dans le pays, le capital économique du pays, la dette individuelle, les inégalités dans le pays. Il n’y a cependant pas de différences entre les riches et les pauvres.

https://www.nature.com/articles/s41562-022-01392-w

Le machine learning est l’avenir de l’humanité, épisode XXXX

En utilisant 43 rapports d’études longitudinales, des chercheurs ont fait tourner un algorithme de machine learning afin de comprendre ce qui pouvait prédire la qualité des relations de couple. Le seul facteur qui en est ressorti est la satisfaction du couple par les conjoints (ce qui signifie que quand les conjoints sont satisfaits de leur couple, alors les relations de couple s’améliorent, Yes !).

Encore du temps de recherche, et de l’argent, bien investi.

Source : https://www.pnas.org/doi/10.1073/pnas.1917036117

La recherche crédible, un privilège des pays riches ?

On a montré des résumés d’articles à 347 cliniciens anglais et on leur a demandé à quel point ils pensaient que les résultats de l’étude étaient fiables. Le seul changement était que certains résumés indiquaient que l’étude était faite dans un pays riche, tandis que d’autres indiquaient que l’étude était faite dans un pays pauvre.

Les cliniciens trouvaient l’étude plus sérieuse et crédible quand elle était faite dans un pays riche que pauvre, alors même que le reste du résumé était identique. Est-ce un biais non-conscient relié à du racisme ? Peut-être. Cependant, il est à noter que des gouvernements comme la Russie ou la Turquie encouragent des pratiques de recherche questionnable afin d’inonder le monde de la recherche de fausses études. près d’un tiers des méta-analyses sont faites en Chine, sans respecter les protocoles de rigueur scientifique. Le site retractation watch qui tient à jour les rétraction de documents scientifiques a indiqué que la majorité des rétraction pour fraude provenaient des articles de l’Asie du Sud-Est (dont une grande partie d’Indonésie et de Thaïlande). Le manque de sérieux dans la recherche scientifique de nombreux pays à faibles revenus tout comme le manque de confiance des praticiens des pays à revenus élevés dans les recherches provenant de ces pays sont aussi des limitations à la généralisabilité de la science.

https://www.healthaffairs.org/doi/10.1377/hlthaff.2017.0773

Le capitalisme dans un hamburger

@primarycatdad sur Twitter a fait une “déconstruction marxiste du hamburger”. Voyons ce que cela signifie.

Aux USA, un hamburger simple coûte 2.09$. Des documents internes à McDonald indiquent que les ingrédients coûtent au total 0.34$. Un employé gagne 11$ de l’heure, un manager 15$ de l’heure, une équipe est composée de 8 personnes.

Donc, il faut payer 92$ de l’heure une équipe pour être rentable. McDonald gagne 2.7 million de dollars par an sur les hamburgers, ce qui correspond à 308$ par heure ou encore 147 hamburgers par heure.

Si on soustrait les 92$ des employés et des 49.96$ des ingrédients, ça laisse à McDonald 166$ de surplus accumulé chaque heure.

Si on prend la valeur des 147 hamburgers faits par heure et on les distribue, ça fait 258.02 (308-49.98) dollars divisés par 8. Donc 32$ par employé par heure. Autrement dit, si McDonald ne faisait pas de bénéfices, il pourrait payer chaque employé 32$ au lieu de 11$.

Le taux d’exploitation des travailleurs de McDonald est donc grosso-modo de 3 pour 1. Pour un seul hamburger à 2.09$, chaque employé gagne 21 centimes (2.09-0.34 = 1.75/8 = 21).

Vous allez me dire, c’est le jeu, l’entreprise veut maximiser le bénéfice et se fait de l’argent en réduisant au maximum les salaires, et vous avez raison. Sauf que le capitalisme ce n’est pas que la recherche du salaire le plus bas, c’est aussi une forme d’impérialisme subtile qu’il faut aussi détailler.

La pâte de bœuf dans un hamburger pèse 45 grammes, et est composé de paleron (8.82$/kg) surlonge (19.84$/kg) et de la ronde de bœuf (15.43$/kg). Les prix sont américains.

En gros, la moyenne des prix est 14.33$ pour simplifier les calculs.

Si on divise à 45 grammes, on arrive à une valeur de 65 centimes. Mais il y a un souci avec ces chiffres. On a dit plus haut que le hamburger coûte 34 centimes à produire. Comme le steak du hamburger pourrait couter deux fois plus cher que le hamburger en lui-même ? On pourrait imaginer une réduire sur du prix de gros, mais même s’il recevait une réduction énorme de l’ordre de 35% on serait loin de compte.

C’est tout simplement parce que McDonald préfère payer sa viande au Brésil qu’aux USA. Au brésil, un exploitant agricole touche 3.21$ de l’heure, un bœuf coûte 4$/kg, donc deux fois moins cher. Pourquoi ? à cause de l’impérialisme.

Le marché du travail au brésil a été artificiellement réduit par le gouvernement de Bolsonaro dont l’intérêt est de maintenir des prix bas compétitifs vers les USA.

Si on compare les employés de McDonald américains et les exploitants (exploités) des ranchs brésiliens, à chaque fois que l’employé de McDonald gagne 1$, l’exploitant brésilien gagne 10 centimes. Si l’exploitant brésilien gagnait aussi bien sa vie qu’aux USA, alors le prix de son bœuf serait multiplié par trois.

Est-ce qu’on accepte qu’un employé McDonald américain gagne trois fois plus qu’un exploitant, traité comme un esclave, brésilien ? Et cela même pour que McDonald fasse des bénéfices égaux à trois fois le salaire de l’employé américain ? C’est toute la question du capitalisme.

Un dernier point. McDonald paye le loyer, l’électricité, l’eau, les machines, les RH etc. D’après les documents internes de l’entreprise, cela couterait au maximum 0.03$ par hamburger. On ne peut donc pas dire que ces coûts justifient la marge colossale qu’ils se font sur les employés américains, encore moins sur les exploitants brésiliens.

Il est à noter que @primarycatdad s’est uniquement intéressé au prix du hamburger, d’autres produits McDonald peuvent permettre de faire encore plus de bénéfices sur le travail des employés.

Too long, didn’t read: les profits de McDonald ne proviennent qu’en petite partie d’une marge (faire payer plus un produit qu’il vaut), mais provient essentiellement de vol (voler et refuser de compenser le travail légitime de travailleurs, employés comme prestataires, d’autres pays qui ne protègent pas les travailleurs).

Le juste prix

à la fin du juste prix, les participants peuvent tourner une roue qui va de 5 à 100 : les participants doivent faire le score le plus haut pour gagner. Après avoir tourné la roue une fois, il peuvent la retourner pour cumuler les deux scores (genre 30+35 = 65). Avec une petite subtilité : ils ne doivent pas dépasser 100.

La question que se posent les chercheurs est : comment et pourquoi les participants décident de tourner une deuxième fois la roue ?

Alors ils ont regardé tous les épisodes du juste prix américains et ils ont compilés les choix des participants (ouais chercheur, c’est un métier à risque). Voici ce qu’ils ont trouvé.

Tout d’abord, au cours d’un même jeu, le choix est très différent entre le premier participant et les deux suivants : pour les deux suivants, ils doivent forcément tourner une deuxième fois la roue si leur premier score est inférieur au premier participant, sinon ils ont directement perdu. Les chercheurs se sont donc uniquement penchés sur les 10071 décisions du premier participant et les 4488 décisions du second participant qui avait un score plus élevé que le premier participant dès le premier tour, ou qui a joué parce que le premier participant avait été éliminé (son score dépassait 100).

Et bien les premiers participants font principalement des mauvais choix. Beaucoup décident de relancer la roue alors que leur score est supérieur à 50 (60 voir 70). Cependant, ce n’est pas le cas des participants qui passent en second qui ont une très belle symétrie de la courbe.

En regardant de plus près, il apparait que la raison pour laquelle les premiers participants font l’erreur est essentiellement un manque de prévoyance/prévision. Si, dans la première moitié de la diffusion du jeu, 55% des participants font l’erreur de relancer la roue alors qu’il ne faudrait pas, ils ne sont plus que 24% à le faire durant la deuxième moitié de la diffusion du jeu, ce qui montre qu’il y a eu un apprentissage. Mais 24% ça reste beaucoup d’erreur.

Si ça vous donne pas envie d’y participer…

Source: https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=4130176

Le sport pour prévenir la dépression

Une méta-analyse sur 191 130 participants volontaires et 2 110 588 personnes sondées indique une relation curvilinéaire ente l’activité physique et la prévention de la dépression, avec une association plus forte avec une faible activité.

Autrement dit, si on compare les personnes indiquant ne faire aucune activité physique et celles en faisant la moitié des recommandations d’activité physique, les personnes faisant la moitié de la recommandation ont un risque de 18% plus faible de développer une dépression. Suivre les recommandations d’activité physique diminue de 25% les risques de dépression. Si on se fie à ces chiffres, bien qu’il y ait une hétérogénéité élevée, cela signifierait qu’on pourrait prévenir 11% des dépressions en aidant les adultes à faire du sport jusqu’au seuil des recommandations.

Les chercheurs recommandent aux psychologues et médecins d’augmenter l’activité physique des patients pour favoriser la prévention des rechutes.

https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/fullarticle/2790780

Fais un effort pour être plus intelligent

Une étude sur 4208 enfants indique que les enfants qui faisaient plus d’effort au test de performance d’intelligence avaient un QI très légèrement supérieur à ceux qui faisaient moins d’effort (2.5 points de QI). Cet effet est extrêmement faible voir négligeable, indiquant que ça ne vaut pas le coup de faire beaucoup d’effort au test d’intelligence.

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160289622000332

La tête dans le casque

29 cabinets de physiothérapie pédiatrique ont participé à une étude portant sur l’utilisation d’un casque pour modifier la déformation positionnelle du crâne de 84 nourrissons. Cette étude était faite en simple aveugle (les enfants et parents ne connaissaient pasl’objectif de l’étude).

Les chercheurs ont controlés les caractéristiques des bébés : nés après 36 semaines de gestation et ne présentant pas de torticolis musculaire, de craniosynostose ou de caractéristiques dysmorphiques.

Les bébés ont été soumis à 6 mois de thérapie par casque comparés à l’évolution naturelle de la déformation du crâne. Dans les deux groupes d’essai, il a été demandé aux parents d’éviter tout traitement (supplémentaire) de la déformation du crâne.

Résultat ? Aucun intérêt du traitement par casque. il y avait autant de bébés ayant un crâne dont la forme s”était amélioré dans le groupe avec casque que sans casque.

On parle d’une d’une thérapie qui coûte plus de 1000 boules et qui ne sert à rien. Il y a de plus quelques effets secondaires : irritation de la peau, augmentation de la sudation, casque qui pue, douleur et puis faire des calins à un bébé avec un gros casque c’est pas cool non plus.

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/24784879/

Quel est le devenir des enfants placés à l’Aide Sociale à l’Enfance ?

129 enfants ont été suivi pendant 22 ans. C’est la première et la seule étude en France.

Premiers résultats sur la pouponnière :

• il y avait du déni de grossesse pour 8.5% d’entre eux, soit deux fois plus que la population générale,

• 16% de prématurés (2.5x plus que la pop générale)

• mortalité infantile 6x plus important que dans la pop générale

• la moitié des enfants sont en rupture de courbe de poids (ils ne suivent pas du tout la trajectoire normale)

• 4 enfants sur 5 ont des signes de souffrances psychiques

Pourtant, les enfants proviennent de familles ayant déjà un suivi :

• L’immense majorité des fratries (67/73) étaient déjà connues des services sociaux lors du placement

• Avec des frères et sœurs placés préalablement ou simultanément, indice d’un placement très fréquemment familial

• Une longue durée de suivi social, médical ou judiciaire avant placement (PMI, social, soins, Aemo)

Délai moyen entre la première alerte et le placement : 12,7 mois pour un âge moyen à l’admission de 22 mois

• 80% des enfants sont encore présents à 17 ans (similaire à d’autres études)

• Restitutions fréquentes (71 enfants/129) qui se soldent par une reprise du placement dans 2/3 des cas (47)

À leur majorité

• 25% n’ont plus de liens juridiques avec leurs parents (pupille, déchéance, abandon)

• 14% ont perdu un de leurs parents ou les deux (5 fois plus qu’en population générale (3%))

Qualité des liens avec la famille

• Fragiles et distants : en contraste avec la volonté affichée dans la loi d’un maintien ou d’une restauration des liens, à « tout prix »

• Seuls 10% des enfants ont encore des liens jugés satisfaisants avec au moins un parent en fin de parcours

Sur les 129 enfants de l’étude longitudinale, 29 ont eu une “bonne évolution”, 71 un “devenir plus nuancé” et 27 une “évolution problématique”.

Quels sont les points communs entre les enfants qui ont eu une évolution problématique ?

• Une partie d’entre eux sont des dénis de grossesse. 30% des enfants de déni de grossesse ont vécu une hospitalisation psychiatrique à l’adolescence.

• 12 d’entre eux ont été victimes de violence familiale. Les délais moyens d’intervention sont très longs du fait de familles difficiles, violentes ou procédurières > 20 mois. 0% d’efficients (ils ont un QI en dessous de la moyenne) à la majorité parmi les 12 sujets concernés et 75% d’évolutions péjoratives.

Pour ce qui est de la violence infantile et des effets longs termes. Ils dépendent de :

• la dose d’exposition,

• la durée d’exposition,

• de la qualité des dispositifs de protection

• et d’un effet de seuil : au-delà d’un seuil de gravité, les dégâts sont irréversibles.

Et pour ce qui est de la qualité de la prise en charge :

• Un enfant placé vite, sans trouble, dans un placement stable va avoir toutes les chances d’évoluer positivement. Son coût est environ de 700 000€ sur 20 ans. 24 participants de l’étude sont dans ce cas-là (1 à 2 placements).

• Un enfant placé tard, avec des troubles déjà fixés, et un placement instable va avoir beaucoup plus de chance d’avoir une évolution péjorative. Son coût total est entre 2 000 000 € et 2 500 000€ sur 20 ans. 24 participants de l’étude sont dans ce cas-là (8 à 28 placements). Il y a donc 3 arguments pour un placement rapide des mineurs :

• un argument moral : minimiser l’expérience négative de l’enfant

• maintenant ou jamais : l’exposition aux mauvais traitements est détrimental à l’enfant et peut, passé un seuil, ne pas être réversible.

• un argument économique : la prévention coute beaucoup moins chère que les soins des conséquences des mauvais traitements. Et on le voit bien dans cette étude, en moyenne, les enfants ayant bien évolué ont été exposés à de la violence 7 mois, et 22 mois pour les enfants ayant évolué péjorativement. Le nombre de jours en prise en charge en établissement médico-social était de 69 jours pour les enfants ayant bien évolué, 435 jours pour ceux ayant évolué péjorativement.

Maintenant pour la démographie :

On parle de 500 000 enfants malmenés en France, dont 500 à 800 morts (dont 221 d’accident de la vie courante en 2012 - 6 fois sur 8 avec manque de surveillance d’enfant de moins de 1 an).

On a donc 2/3 des enfants morts dû à de la maltraitance infantile. Et c’est comme pour les grèves, les chiffres de la police (58 en 2011) sont très différents des chiffres des statistiques (41) et que des enquêtes (615). Précisément parce qu’on n’a pas d’institut chargé de collecter ces données, donc c’est du doigt mouillé.

En tout cas, ce qui est sûr, c’est que la maltraitance infantile est la première cause de décès chez les enfants.

Les enfants maltraités sont sur-représentés dans les soins psychiatriques. Ils représentent -2% des enfants, mais représentent 30% des effectifs en soin lourd de pédopsychiatrie.

Pareil pour les écoles spécialisés, dans la cohorte suivie, 20% des enfants étaient en établissement médico-social d’étude spéciale alors que c’est 0.67% de la population générale.

Et à l’âge adulte, entre 1/4 et 1/3 des enfants maltraités sont inadaptés socialement. 35% des 18-25 ans sans abris proviennent de l’ASE.

Le coût de la maltraitance et de la négligence en France est environ de 10 milliards d’euros par an, et ce, hors frais de justice, de police, et d’allocations familiale. Juste le fonctionnement de l’ASE, et des branches départementales dédiées. C’est uniquement le coût durant l’enfance. Le coût une fois adulte est environ 3 fois plus élevé - à cause de coûts indirects de productivité et d’incapacité à travailler, et les maladies physiques et psychiques.

Bref s’il y a une seule chose à retenir de ce triste tableau, c’est qu’il faut intervenir le plus tôt possible.

https://www.cairn.info/revue-francaise-des-affaires-sociales-2016-1-page-343.htm

Comment les jeunes enfants ressentent des émotions positives et négatives ?

Ils se les représentent en se demandant ce qu’ils auraient pu faire à la place de ce qu’ils ont fait.

On a proposé à 160 enfants (4 à 9 ans) d’ouvrir soit une boite, soit deux boites. Une des deux boites contenait un gros cadeaux, l’autre un cadeau bien moins important, et ils ne pouvaient obtenir que le lot de la dernière boite qu’ils avaient ouvert. Une sorte de à prendre ou à laisser pour les jeunes.

On observe que les enfants ayant eu deux boites, dont la seconde était moins intéressante que la première, ressentaient plus d’émotions négatives que les autres enfants. Cela montre que les enfants évaluent l’émotion à ressentir en pensant à “ce qui aurait pu se passer” dans un autre monde ou ils auraient eu un meilleur cadeau. Les enfants ressentent donc des émotions contrefactuelles à la suite de leurs choix, facteur essentiel pour apprendre à faire de meilleurs choix dans le futur.

https://royalsocietypublishing.org/doi/10.1098/rstb.2021.0346

Des antidépresseurs pendant la grossesse

Une étude portant sur une cohorte de 145702 femmes durant leur grossesse sous antidépresseur met en évidence qu’il n’y a pas d’association entre l’utilisation d’antidépresseur et le développement de l’autisme/ troubles de l’attention/hyperactivité, trouble de l’apprentissage ou du langage, troubles de la coordination, problèmes intellectuels ou comportementaux.

Il n’y a donc pas de contrindication à l’usage d’antidépresseurs pendant la grossesse pour les troubles neurodéveloppementaux.

Cependant, les enfants de personnes utilisant des antidépresseurs (avant et pendant la grossesse) étaient plus à risque d’avoir un trouble neurodéveloppemental, ce qui signifie que l’usage des antidépresseurs par les parents pourrait être utiles pour diagnostiquer rapidement un trouble neurodéveloppemental chez l’enfant (il y a une forte corrélation mais aucune causalité).

https://jamanetwork.com/journals/jamainternalmedicine/fullarticle/2797101

Une méthode pour augmenter les chances de faire dormir bébé

Environ 20 à 30 % des nourrissons pleurent excessivement et présentent des troubles du sommeil sans raison apparente, ce qui provoque un fort stress chez les parents. Nous savions déjà que le fait de porter brièvement un nourrisson réduit ses pleurs grâce à un ensemble coordonné d’activation vagale et d’apaisement comportemental, qui est aussi observé chez les autres mammifères terrestres. Dans cette étude, les chercheurs ont combiné des analyses physiologiques avec des interactions dynamiques entre la mère et le nourrisson. Les pleurs du nourrisson étaient atténués soit par le portage maternel, soit par le mouvement réciproque fourni par un lit d’enfant en mouvement, mais pas par le maintien maternel seul. Le portage de cinq minutes favorise le sommeil des nourrissons qui pleurent, même pendant la journée, alors que ces nourrissons sont habituellement éveillés, mais pas celui des nourrissons qui ne pleurent pas. Le fait de coucher nourrissons endormis dans un lit d’enfant a eu les deux effets opposés : interrompant ou approfondissant le sommeil des nourrissons. Pendant le coucher, les nourrissons endormis étaient le plus souvent alertés par le début du détachement maternel, puis calmés après la fin du détachement maternel dans le cas d’un coucher réussi. Enfin, le résultat du sommeil après le coucher était associé à la durée du sommeil avant le début du coucher.

Ces données amènent à proposer un schéma ” 5 minutes de portage, 5 à 8 minutes d’assise ” pour répondre aux pleurs et aux difficultés de sommeil du nourrisson, qui devrait être davantage étayé par des études futures.

https://www.cell.com/current-biology/fulltext/S0960-9822(22)01363-X#secsectitle0020

La face cachée de la recherche en médecine

Sur 1792 études publiées dans des revues médicales en accès libre, et indiquant fournir leurs données sous requête raisonnable, 1669 (93%) ont refusé ou n’ont pas répondu à la demande de fournir leurs données.

Dans la même idée, un éditeur du journal molecular brain a demandé d’avoir accès aux données de 41 études soumises au journal, et seulement 1 auteur a répondu en envoyant ses données.

https://www.jclinepi.com/article/S0895-4356(22)00141-X/fulltext

Pas bravo le veau

Comment les menaces environnementales et de santé liées à la consommation de viande rouge et transformée sont expliquées par l’industrie de la viande ? Les chercheurs ont analysé les stratégies des industriels de la viande au Royaume-Uni. Ils distinguent 4 grandes stratégies :

1- Dire que les problématiques sont toujours débattues

Il n’y a pas de consensus

Les preuves sont sur-interprétées

Les chercheurs exagèrent quand ils disent que la consommation de viande est dangereuse

2- Indiquer qu’il ne faut pas trop s’en faire si on est raisonnable

C’est inoffensif tant que vous n’en mangez pas trop

la majorité des personnes n’en mangent pas trop (selon leurs standards)

Ce n’est pas plus grave que d’autres choses

Donc d’autres choses sont plus graves

3- Il y a aussi des bienfaits à la viande rouge et transformée

Elle est bonne pour la santé (exagérant les résultats des études publiées ou faisant leurs “propres” recherches)

Les autorités conseillent d’en manger (ce qui est vrai en France aussi)

Certains groupes devraient en manger plus (ce qui est vrai pour les femmes enceintes par exemple)

Les gens aiment ça

Il est à noter que les guide de santé évoluent énormément à travers le temps et il n’est absolument pas sûr que la viande rouge reste dans les guides. Et ne parlons pas de la viande transformée. Enfin, les autorités fixent une limite MAXIMALE de viande à manger, pas de taux recommandé, ce qui est très différent des communications de l’industrie de la viande.

4- Réduire la consommation de viande n’aurait pas beaucoup d’impact sur le réchauffement climatique

L’élevage apporte aussi des bénéfices environnementaux

Ainsi, réduire l’élevage pourrait aussi avoir des effets négatifs sur l’environnement

L’impact de l’élevage est plutôt lié à certaines méthodes d’élevage

Il faut avoir une vision plus globale

On voit ici un mélange d’arguments contraires : l’élevage extensif peut avoir des bénéfices environnementaux, mais pas l’intensif. Or c’est précisément l’intensif (et la production massive) qui impacte le plus l’environnement. Si on ne faisait que de l’extensif, alors on devrait réduire très considérablement notre consommation de viande. Il y a ici une contradiction que cherchent à cacher les industriels.

Les auteurs montrent ensuite que ces 4 stratégies sont les mêmes que celles utilisées par les industries du tabac, de l’alcool ou du pétrole :

Ils présentent les indicateurs scientifiques de manière qui leur sont favorables

Ils se focalisent sur des choix individuels plutôt que sur les déterminants sociaux de santé

Ils présentent l’industrie comme étant bien-intentionnée et focalisée sur la gestion des menaces

https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0306919222000173

Le cap d’invisibilité

Une étude faite sur 100 000 travailleurs dans des académies américaines entre 1997 et 2017 met en évidence que la transparence des salaires réduit considérablement les inégalités de genre, et les salaires se basent plus sur la performance mesurée que sur de la préférence individuelle ou du pifomètre.

https://www.nature.com/articles/s41562-022-01288-9

C’est quoi la relation thérapeutique ?

Il paraît que la relation thérapeutique est plus utile pour aider le patient que l’obédience du psychologue. D’accord, mais qu’est-ce qui est important dans l’alliance thérapeutique ?

Ce tableau, bien qu’ancien et approximatif, permet de se rendre compte du poids de chaque composant dans la relation thérapeutique :

C’est avant tout la collaboration et l’empathie qui importent dans la relation thérapeutique, puis l’alliance et le regard positif (il faut regarder ici la colonne % of variability in outcomes). De l’autre côté, les ingrédients spécifiques (en gros l’obédience du psychologue), pèse pour moins de 1% dans la variance des résultats.

https://societyforpsychotherapy.org/wp-content/uploads/2015/06/Laska-et-al-2014.pdf

Je tiens à dire que l’étude date de 2014 et est une méta-analyse avec toutes les mauvaises pratiques de l’époque. À prendre avec précaution.

Juste un dernier verre

Est-ce qu’on boit plus quand on est triste ?

Une analyse de 12000 personnes sur plus de 350 000 jours montre qu’on a légèrement plus tendance à boire les jours où on se sent bien que moins bien. Si cet effet est léger, il montre surtout que l’idée qu’on boit quand on est triste n’est pas du tout corroboré par les données scientifiques.

https://psyarxiv.com/xevct

Une éducation très sympathique

Le système nerveux autonome est composé de deux sous-systèmes, le système sympatique qui s’active pour se battre contre des menaces ou pour fuir, et le système parasympatique qui agit dans les moments calmes, c’est lui qui active la digestion ou la sieste par exemple.

A travers 103 études, les résultats d’une méta-analyse indiquent qu’il n’ y a pas de lien entre type de parentalité et système sympatique mais il y a un lien positif avec le système parasymaptique : une parentalité positive, centrée sur la chaleur et les encouragements, permet à l’enfant de retrouver plus vite son calme, en particulier chez les enfants ayant vécu des maltraitances dans la tendre enfance, ayant un trouble d’hyperactivité ou de déficit de l’attention, où des troubles de l’humeur.

https://psyarxiv.com/5z49u

Génétique, réussite scolaire et couleur de peau

Y a-t-il une cause génétique qui peut expliquer des différences dans la réussite scolaire entre les blancs et les noirs ?

Non.

Source : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/abs/10.1002/ajpa.24216

Le réchauffement climatique, une question de T-shirt

La consommation de vêtement est responsable de 2 à 3% des émissions de gaz à effet de serre, ce qui paraît peu. Cependant, le problème de la consommation de vêtement est principalement la dégradation des sols et la pollution des écosystèmes terrestres.

Une étude sur 4500 personnes de 6 pays différents indique que les personnes les plus motivées sur la protection de l’environnement… sont aussi les personnes qui ont acheté le plus de vêtements les 3 derniers mois.

En effet, les échelles utilisées pour mesurer les comportements pro-environnementaux corrèlent positivement avec les comportements d’achat de jean et de t-shirt (plus on est concerné par l’environnement, plus on achète des jeans et des t-shirts) alors qu’on aurait pu penser l’inverse. Mais peut-être qu’ils achètent d’occasion ?

Ben non, les vêtements d’occasion ne représentent que 13% des achats totaux, l’immense majorité des achats étaient des vêtements neufs.

Qu’est-ce que cette étude nous apprend ?

Les échelles pro-environnementales ne fonctionnent pas bien, et on ne sait pas trop comment les améliorer.

Les facteurs psychologiques comme la motivation pro-environnementale n’ont pas de lien direct avec les comportements vis-à-vis de l’environnement, ce qui n’est pas non plus très encourageant : Motiver les gens à agir pour l’environnement change leur mentalité, mais pas leur comportement.

Source : https://www.nature.com/articles/s41893-022-00888-7

Plus tu le répètes, plus tu y crois

La répétition améliore-t-elle la perception qu’une fausse information soit vraie ?

La réponse est oui un petit peu. Les participants ne disent pas que l’information est vraie, mais qu’elle est un peu moins fausse.

Si l’effet est très faible, il est consistant sur plein de domaines :Ici, la croyance après la répétition (en gris clair) est toujours supérieur à la croyance initiale (en noir).

Ce phénomène est expliqué par la “fluence” qui est la facilité d’avoir une information en mémoire : plus elle est émise plusieurs fois, plus elle est facilement accessible, plus elle semble réelle.

Source : https://psyarxiv.com/fce8z/

Les problèmes de sommeil des petits pauvres

Une méta-analyse sur plus de 70 000 personnes indique que le statut socioéconomique est associé aux problèmes de sommeil chez l’enfant : dans tous les pays étudiés, les populations à plus faible revenu ont des enfants qui dorment moins et ont un sommeil de moins bonne qualité. Cet effet est particulièrement marqué en Asie. Ce n’est pas seulement le fait de gagner plus d’argent qui améliore le sommeil, c’est aussi d’avoir fait de plus hautes études et donc d’accéder à un métier qui permet de mieux dormir.

Un moyen d’améliorer le sommeil des enfants est de proposer des programmes de prévention sur le sommeil des enfants auprès des populations à risque, selon les chercheurs. Selon moi, il faudrait aussi protéger les parents du travail en horaire décalé en améliorant le code du travail et les protections sociales associées (rêvons un peu…).

Source : https://psyarxiv.com/u2tbh/

“Le scientifique n’a pas à prendre position”

Un sujet bien intéressant quand on fait une chaine Instagram de vulgarisation scientifique : comment augmenter la curiosité envers les sciences ?

À travers trois expérimentations qui testent différentes raisons qui poussent les participants à cliquer sur des informations scientifiques, les résultats ont indiqué que la raison principale qui motive à regarder des informations scientifiques est l’utilité perçue de l’information. Non pas l’utilité perçue pour nous, mais l’utilité perçue pour la société : on s’intéresse aux connaissances scientifiques, car on pense qu’elles font progresser la société ou permettent de mieux la comprendre.

Source : https://doi.org/10.1016/j.cognition.2022.105193

Moins de diapo, plus de blabla

Donner aux étudiants l’accès aux diapositives avant le cours peut sembler utile, mais nuit à l’apprentissage, selon de nombreuses études et expériences.

Le fait d’avoir les diapositives à l’avance diminue la prise de notes, l’assiduité et les performances générales en classe.

Sources : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0360131521001603 et https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0360131518300848

Apprendre quand il n’y a plus d’école

Une expérimentation faite au Botswana (bon à voir si c’est généralisable en France), pendant le confinement lié au covid trouve qu’une technique low-tech est très efficace pour apprendre, plus que de faire l’école avec de la visioconférence. Mais quelle est cette technique ? et bien c’est le SMS.

En particulier, l’enfant pouvait envoyer des SMS au professeur tout au long de la journée, et il avait un appel téléphonique de 20 minutes par jour avec les parents pour donner les indications à suivre. Et c’était très efficace pour apprendre, plus que la visioconférence. Alors en France, c’est plus compliqué, avec 30 élèves, on arrive à 10 heures d’appel par jour, plus les SMS ce n’est pas possible.

Mais ce qu’il faut retenir, c’est qu’on n’a pas forcément besoin d’outils sophistiqué pour faire apprendre correctement, et ce n’est pas en utilisant des outils informatiques complexes, innovants, collaboratifs ou inversé qu’on apprend mieux, parfois, c’est en utilisant des techniques simples.

En plus, beaucoup d’enfants n’ont pas d’ordinateur à la maison, ou un bon internet, mais tout le monde a un téléphone avec des SMS ce qui permet une égalité entre les élèves. À méditer.

Source : https://www.nature.com/articles/s41562-022-01381-z

Conseil vs. Feedback

Si vous voulez vous améliorer, demander des “conseils” plutôt que des “feedback” fait une grande différence.

Les gens sont mauvais pour évaluer les autres, mais généralement bien meilleurs pour donner des conseils, de sorte que vous obtiendrez des informations beaucoup plus exploitables et utiles !

Source : https://www.hbs.edu/ris/Publication%20Files/20-021_45b4e0ac-6d65-4d33-b293-b3bddcb60f78.pdf

Psychologie et vision

36 études sur 700 000 participants (dont une majorité provenant de Chine ou des USA, à voir si c’est généralisable à l’Europe) indiquent que les enfants myopes ou avec un strabisme sont plus à risque de dépression et d’anxiété que les enfants avec une bonne vue.

Source : https://doi.org/10.1016/j.ophtha.2022.05.020

L’expérience de la solitude

Un sondage en ligne sur 177 adultes indique que :

• Les individus expérimentent la solitude, peu importe leur origine ou catégorie socio-professionnelle.

• La capacité de se sentir socialement en sécurité modifie fortement le niveau de solitude expérimenté par les individus.

• La peur de recevoir de la compassion des autres est associée à des niveaux plus élevés de solitude.

Les personnes ayant une forte solitude ont déclaré avoir plus peur d’exprimer de la compassion pour les autres et pour eux-mêmes, et de recevoir de la compassion des autres, ainsi qu’une sécurité sociale, un bonheur subjectif et un lien social déclarés inférieurs à ceux ayant indiqué une faible solitude (bref tout semble lié).

Source : https://doi.org/10.1016/j.paid.2021.111161

Satisfaction de la vie des Américains

Pourquoi j’ai raison et vous avez tort

Lorsque l’on demande à 700 participants s’ils se posent des questions sur des thématiques controversées, morales, politiques, de religion ou de science, 85% indiquent ne pas remettre en question leur point de vue si on leur demande d’y réfléchir. La majorité des raisons qu’ils donnent à garder leur point de vue sont des raisons épistémiques et méta-épistémiques : ils indiquent qu’il y a des preuves qu’ils ont raison, ou qu’ils ont plus de compétence que d’autres, ce qui leur permet d’avoir raison, ou alors que le sujet est difficile à trancher et doit résulter d’un choix individuel.

Alors que retenir ? On a ici une explication de la persistance des polarisations de la société, savoir qu’il y a un désaccord de la société sur certains sujets ne nous fait pas spécialement nous questionner sur notre point de vue sur le sujet, ce qui nous amène à rester sur nos positions. C’est principalement dû au fait qu’on pense détenir des preuves plus forte que ceux qui ont une vue opposée, qu’on se sent plus compétent, ou que chacun doit se faire sa propre idée.

Source : https://cognition.princeton.edu/sites/default/files/oktarlombrozocogsci22.pdf

Si j’ai appris un truc en psychologie

On est bombardé de nouvelles théories, explications, études en psychologie (moi le premier, je vous en transmets plein). Mais finalement, lesquelles sont importantes ? Quelle étude fera date ? Quelles sont celles qui font le plus réfléchir et comprendre qui nous sommes au fond, nous, les êtres humains ?

Du coup, je propose de vous parler du constat le plus important pour moi en psychologie. Genre le truc qui m’a le plus marqué. Et ça ne date pas d’il y a très longtemps, l’étude que je préfère dans le monde date de 2021.

Elle s’appelle “les gens négligent systématiquement les changements soustractifs”. Le titre n’est pas hyper sexy, mais c’est vraiment une étude hyper importante. L’étude est très simple : on propose une situation à des gens et on leur dit “comment vous pourriez changer le fonctionnement de cette situation, ou l’améliorer, ou le détériorer”. Par exemple, on leur pose cette question par rapport à un terrain de golf : comment l’améliorer ou le détériorer.

Le truc fou, c’est que peu importe le scénario, peu importe le type de question, peu importe les indices qu’on donne aux participants, ils génèrent toujours plus d’idées additives (ajouter quelque chose) que soustractives (enlever quelque chose).

Et c’est juste incroyable parce que… c’est ce qu’on fait tous les jours et c’est un énorme problème. Le marketing ne peut pas concevoir un nouveau produit “plus simple” sauf si c’est littéralement l’argument marketing. Le nouvel Iphone doit avoir toujours plus de technologie, plus d’applications, plus de fonctionnalités.

Dans le fonctionnement institutionnel ou organisationnel, on voit aussi que tout tend vers plus de complexité, on rajoute sans arrêt des processus sur des processus. Ils sont censés “simplifier” un problème, mais en n’en posant d’autres (souvent une augmentation de l’expertise nécessaire, des ressources nécessaires etc.). Et c’est aussi un gros soucis… pour le réchauffement climatique.

Plutôt que de diminuer les déchets générés, on (enfin une majorité de personnes quoi) préfère des solutions additives comme créer des bateaux pour ramasser les déchets et les mettre sur terre, bateaux qui eux-mêmes consomment du carburant et finiront en déchet. Plutôt que de diminuer le nombre de déplacements en diminuant le nombre de réunions, on préfère utiliser les réunions à distance, avec la mode du casque VR qui non seulement est très polluant à produire, mais aussi à maintenir avec une connexion internet très importante. En plus, ça semble augmenter le nombre de réunions totale plutôt que de les remplacer. Plutôt que de diminuer la consommation de viande bovine, on finance (très cher) des laboratoires de fabrication de viandes artificielles, très gourmandes en énergie.etc., etc.

Bref depuis que j’ai lu cette étude, je vois ces effets absolument partout.

Et puis cette année, une autre étude sobrement intitulée “les choses pourraient aller mieux” m’a littéralement frappé à la tronche.

En fait les auteurs (qui ne semblent pas connaitre la première étude) … ont posé les mêmes questions que ceux de la première étude, mais pas sur le fonctionnement d’un processus, plutôt sur des questions générales. Genre “comment votre vie pourrait être différente” ou “comment YouTube pourrait être différent”.

Et ben, on retrouve le même principe, sur les milliers de personnes interrogées, presque toutes les réponses sont des réponses additives : ils expliquent non pas comme leur vie pourrait être différente, mais comment elle pourrait être meilleure.

Regardez juste comment l’effet est constant : peu importe la question, tous les participants proposent systématiquement des idées d’amélioration.

“Comment les animaux de compagnie pourraient être différents ?” Réponses principales : ils pourraient être plus patients quand vient l’heure de la nourriture ; ils pourraient être en meilleure santé ; ils pourraient parler. Que des trucs en plus.

C’est vraiment l’effet le plus fort que je connaisse en psychologie. J’ai moi-même essayé de le tester (en reprenant l’étude sur le golf) sur des participants français (parce que je me dis, si le peuple le plus négatif de la planète a quelque chose à dire, c’est bien sur cette question) et même si ma figure n’est pas très claire (il me faut beaucoup de temps pour l’expliquer), vous pouvez constater que les lignes oranges sont systématiquement bien au-dessus des bleues/vertes. En somme, les participants génèrent beaucoup plus (et plus vite) des idées additives que soustractives.

Dans les 4 conditions expérimentales, il y avait entre 40 et 60% des idées générées en premier qui étaients additives, et entre 10 et 40% soustratives. Plus on générait d’idées, plus la différence s’accroit.

Mais si les gens cherchent toujours à améliorer les choses, est-ce que ça veut dire qu’ils ne sont jamais satisfaits ? Pas vraiment, en fait quand on leur demande comment sont les choses actuellement, ils disent que ça va. Certes ça pourrait être mieux, mais ça va.

Est-ce-que c’est un biais d’optimisme ? Non car le biais d’optimisme est le fait de se dire que “ça ira mieux”. Or là, c’est plus une réflexion de comment faire pour que ça aille mieux, pas une envie que ça aille mieux.

Ah et si on demande aux gens directement “lister des choses qui auraient plus aller mieux ou moins bien”, 2/3 (oui DEUX TIERS) des idées sont des idées d’aller mieux.

Mais peut-être que ça dépend de certains facteurs ? Le score aux échelles de dépressions ne changeait rien à la génération d’idées, les échelles de personnalité non plus, et la culture non plus.

Et est-ce que finalement les gens ne feraient pas ça parce que c’est plus facile de penser à aller mieux que de penser que les choses pourraient être pire ? Ben non, c’est même le contraire : quand on leur demande la première chose qui leur vient à l’esprit, l’idée est généralement que ça pourrait être différent ou pire, et pas meilleur. Donc, ils se forcent à chercher quelque chose de plus compliqué que le mode par défaut.

Je ne sais pas comment faire pour être heureux, mais au moins, je sais pourquoi on ne se considère pas heureux : parce qu’on fonctionne comme des êtres à imaginer comment les choses pourraient être meilleures. Alors ok, il en faut peu pour être heureux, mais bah, on ne peut juste pas se satisfaire du nécessaire, on ne fonctionne pas comme ça.

Je savais pas comment conclure, alors je laisse parler les auteurs :

Pourquoi l’imagination fonctionne comme ça ? - Honnêtement, qui sait ? Les cerveaux sont bizarres, mec.Pourquoi l’imagination fonctionne comme ça ? - Honnêtement, qui sait ? Les cerveaux sont bizarres, mec.

Sources :

https://psyarxiv.com/2uxwk/

https://www.nature.com/articles/s41586-021-03380-y

À quel point les essais randomisés contrôlés prennent en compte la schizophrénie ?

Dans une étude portant sur 25 259 individus finlandais diagnostiqués comme schizophrènes, un cinquième seulement était représenté dans des essais randomisés contrôlés. Ceux qui étaient dans ces essais randomisés contrôlés avaient de meilleurs résultats que ceux qui ne rentraient pas dans les critères d’inclusions.

Pourquoi de telles différentes ?

Dans les essais randomisés contrôlés, on … contrôle (ouais c’est bluffant) que les participants ne consomment pas d’autres substances ou qu’ils ne soient pas résistants aux substances utilisées dans l’essai, qu’ils n’aient pas eu d’historique suicidaire, ou encore des problèmes psychomoteurs associés à l’utilisation de neuroleptiques (la dyskinésie tardive, comme par exemple la mâchoire qui tremble).

Dit autrement, ce sont souvent les patients schizophrènes “qui vont le mieux” qui sont inclus dans les essais randomisés contrôlés, ce qui rend difficile la généralisation des résultats à l’ensemble des patients.

Source : https://jamanetwork.com/journals/jamapsychiatry/fullarticle/2788266

Les chances de survie (à 5 ans) face au cancer entre 1977 et 2013

Le petit point rose est le taux de survie entre 1970 et 1977, le point bleu entre 2007 et 2013. Source : https://ourworldindata.org/cancer. Il y a beaucoup d’autres informations extrêmement intéressantes sur le cancer à ce lien.

Les vieux réfléchissent lentement

Contrairement à une croyance populaire, la vitesse de prise de décision est rapide pour tous les âges et n’atteint pas spécialement de pic vers 20 ans. Cependant, elle décline (très progressivement) à partir de 60 ans.

Source : https://www.nature.com/articles/s41562-021-01282-7

Les gens qui nous tiennent compagnie

De 20 à 80 ans, et de 0 à 4 heures par jour, voici la liste faite en 2017 des personnes qui nous (en fait un panel américain) tiennent compagnie au cours du temps.

Le “traitement habituel” de la dépression

Quand on veut montrer l’efficacité d’une intervention, on doit recourir à un groupe expérimental et un groupe contrôle. La plupart du temps, le groupe contrôle reçoit un “traitement habituel”. Mais dis-moi Jamy, qu’est-ce que le traitement habituel ?

La réponse est loin d’être évidente (sinon je n’en aurais pas parlé). En soi, le traitement habituel peut être une psychothérapie, un médicament, un suivi avec un généraliste ou même un groupe de parole. Des inquiétudes ont été soulevées quant au fait que la différence entre tous ces traitements habituels puisse conduire à des estimations biaisées de l’efficacité de la psychothérapie ou des médicaments et à une différence peu claire entre le traitement habituel et d’autres groupes de contrôle comme les participants sur liste d’attente.

Dans une méta-analyse, des chercheurs ont étudié l’impact de la variation du groupe de contrôle (la quantité et le degré d’éléments des traitements courants de la dépression) sur les effets de la psychothérapie en face à face et sur Internet pour la dépression. Six indicateurs ont été utilisés pour évaluer la variation du groupe contrôle. Ils ont inclus 89 essais randomisés, 14 474 patients dans 113 conditions de psychothérapie et 89 groupes contrôle. Et effectivement, l’intensité du groupe contrôle a prédit les résultats de l’essai.

Autrement dit, ce sont les variations dans les groupes contrôles qui permettent de montrer un “effet” de la psychothérapie. Les “effets” de la psychothérapie étaient significativement plus faibles dans les essais avec un traitement habituel d’intensité plus élevée (médication, autre psychothérapie) que dans les essais avec traitement habituel d’intensité plus faible (thérapie par la parole, groupe de parole). Les effets de la psychothérapie contre le traitement habituel de moindre intensité ne différaient pas des effets contre la liste d’attente.

Conclusions : Ces résultats suggèrent que la variation de l’intensité du traitement habituel a un impact sur les résultats des essais. Le traitement habituel comme groupe contrôle, s’il est utilisé majoritairement dans les expérimentations sur les psychothérapies associées à la dépression, ne peut pas être vu comme un groupe contrôle. C’est quand même un gros soucis.

Source : https://doi.org/10.1159/000521951

Les pères aussi ont une modification de la structure de leur cerveau après leur premier bébé.

Deux laboratoires, en Californie et en Espagne, ont analysé des cerveaux de 20 pères plusieurs fois avant et après avoir eu un bébé. Ils ont également mesuré le cerveau de 17 hommes sans bébé (groupe contrôle). Ils ont trouvé une réduction du volume de matière grise dans le réseau du mode par défaut et des aires visuelles en comparaison avec le groupe contrôle, ce qui amène à penser à un changement de la structure du cerveau associé à la paternité.

Source : https://doi.org/10.1093/cercor/bhac333

Il faut travailler dur pour réussir

À travers 3 études sur des enfants de 7 à 14 ans et leurs parents (698 participants au total), et un scénario sur des aliens, une recherche indique que les enfants qui croient le plus que les inégalités s’expliquent par les efforts le sont parce que leurs parents le croient aussi. De plus, la majorité des parents expliquent les inégalités aux enfants par l’effort “il faut travailler à l’école pour réussir dans la vie”, ou encore le fameux “il faut avoir des bonnes notes sinon tu vas finir éboueur”. Enfin, les enfants qui croient le plus que l’inégalité est due à l’effort ont tendance à allouer des ressources de manière moins équitables.

Il y a donc une sorte de cycle d’attribution d’inégalité où les parents transmettent cette croyance à leurs enfants qui font alors les mêmes attributions. Que faire ?

Il est important de reconnaitre que les enfants ne partent pas tous du même niveau et que des facteurs non contrôlables, comme la chance et l’habileté, jouent un rôle dans la réussite. Il est possible aussi de prendre des exemples : il y a des enfants qui ont du mal à manger trois repas par jours et qui ont besoin de la cantine gratuite. Cela permettrait de briser ce cercle.

Je finis par vous montrer ces magnifiques dessins de Tony Ruth sur les différences entre inégalité, égalité, équité et justice :

Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0022103122000488

Quelle est le meilleur moyen de réduire la mortalité infantile dans le monde ?

C’est de traiter l’eau au chlore. En permettant à chacun de disposer de l’eau traitée au chlore, on pourrait réduire de près de 30% la mortalité infantile dans le monde. Cela couterait environ 3000$ par enfant. Les chercheurs ayant fait cette méta-analyse déclarent que le traitement de l’eau doit être une priorité pour les législateurs qui veulent améliorer la santé des enfants.

Comme vous aimez les anecdotes (allez, avouez), sachez qu’un des co-auteurs de la méta-analyse s’appelle Docteur boisson. Une preuve que l’étude du docteur Boisson a été inclue dans cette méta-analyse sur la boisson de l’eau chlorée.Une preuve que l’étude du docteur Boisson a été inclue dans cette méta-analyse sur la boisson de l’eau chlorée.

Source : https://bfi.uchicago.edu/working-paper/2022-26/

Comment les enfants apprennent ce que sont les émotions ?

Jusqu’à 5 ans, les enfants se réfèrent très fortement à la valence des émotions pour les comprendre (émotions positives et émotions négatives).

C’est à partir de trois ans qu’ils commencent à comprendre les catégories d’émotion (joie, tristesse, colère etc…), qualité qui va s’affiner au cours du temps… jusqu’à l’âge adulte.

Ce qui est intéressant, c’est que dès 3 ans, les enfants ont une compréhension plus fine des émotions négatives que des émotions positives et ça se retrouve aussi à l’âge adulte. On n’a, en français, que deux émotions principales positives, la joie et la surprise, et 4 négatives, la tristesse, la colère, le dégout, et la peur.

Autre point intéressant concernant la mesure des émotions : les mesures unipolaires sont plus sensibles que les bipolaires : les enfants peuvent, pour une même expérience, ressentir des émotions positives ET négatives. De la même manière que quand on fait un anniversaire surprise, on va avoir peur, mais ça nous est aussi agréable (pareil pour la nourriture épicée, les films d’horreur, etc.).

Alors que beaucoup d’échelles de mesures s’intéressent à l’intensité de l’émotion ressentie, ça ne sert à rien de la mesurer chez les jeunes enfants, ils sont incapables de donner une indication fidèle jusqu’à 5 ans.

Enfin, il y a une relation très forte entre compréhension des émotions et acquisition du langage : à partir de 4 ans, les enfants catégorisent les émotions de manière plus semblable entre eux que comme les adultes, mais cela va s’affiner au cours du temps avec l’amélioration du langage.

Source : https://srcd.onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1111/cdev.13716

Est-ce-que le “baby talk” est partagé au sein de toutes les cultures ?

Le Baby talk est le fait de parler aux enfants d’une manière différence de celle des adultes, en accentuant les voyelles, renforçant le ton et diminuant le rythme.

Une étude monumentale, avec l’implication de 42 chercheurs (je ne les ai pas comptés, mais en tout cas, y en a beaucoup) et 410 participants (18 langages différences) et 1615 enregistrements, indique qu’il y a beaucoup de points communs entre les babys talks de différentes langues. En particulier le ton (la hauteur), les voyelles et le rythme. On a fait écouter à 51065 personnes de 187 pays différents les enregistrements et montré que nous sommes capables de différencier le baby talk d’un son musical, peu importe le locuteur ou la langue. C’est le cas pour les bébés comme pour les adultes. Cela renforce l’hypothèse que le baby talk est une fonction psychologique évoluée de la communication humaine.

Il est à noter que 1) même s’il y a de nombreux points communs, il y a quand même des différences entre les langues sur le développement du baby talk et 2) si les participants étaient meilleurs que le hasard pour différencier le baby talk de son musical, ils n’étaient pas très bons non plus, à tel point que dans certaines cultures, ils n’étaient pas meilleurs que le hasard. Bref, c’est un effet qui existe, qui est robuste, mais pas très important.

Enfin, point plus rigolo, lorsque l’on entend un adulte chanter, on suppose plus généralement qu’il s’adresse à un enfant qu’à un adulte. Quand on entend un adulte parler, on suppose qu’il parle plus à un autre adulte qu’à un enfant.

ID : dirigé vers l’enfant et AD : dirigé vers l’adulte. On voit bien la différence dans la sonorité et le ton entre les deux.

Source : https://www.nature.com/articles/s41562-022-01410-x

Trouble de l’attention, hyperactivité, difficultés scolaires et éducation

Une étude portant sur 344152 adolescents norvégiens, dont 4% d’entre eux ont été diagnostiqués TDAH, indique que les notes scolaires de ces enfants sont inférieures aux autres. En ajustant (ou contrôlant) les facteurs démographiques, les facteurs de comorbidité (d’autres maladies ou troubles), les difficultés scolaires initiales (au début du parcours scolaire) et la fratrie, les adolescents TDAH avaient encore des notes significativement inférieures aux autres. Ce signifie que l’on est assez sûr qu’il existe un lien direct entre TDAH et difficultés scolaires.

De plus, le déficit de notes lié au TDAH était 22% supérieur pour les filles que pour les garçons et 39% supérieur pour les enfants avec des parents éduqués que pour des enfants avec des parents n’ayant pas fait d’études supérieures (bien que le déficit absolu soit moindre). Cependant, si le déficit est plus important pour les filles, les filles ont de meilleures notes que les garçons (il y a plus de différences entre filles TDAH ou non qu’entre garçons TDAH ou non, mais les filles sont toujours meilleures à l’école que les garçons).

Voici le graphique de différences en dessous :

Sur chaque ligne, à gauche se trouve les enfants TDAH (triangle) comparé à droite aux enfants non TDAH (en rond). Sur le tableau du haut on voit que les filles se débrouillent mieux que les garçons (elles sont plus à droite) mais que l’écart entre TDAH ou non est plus important (les lignes rouges sont plus grosses que les bleues). Dans l’encart du bas, on observe la différence entre parents sans diplôme (orange) et avec (vert). Conclusion : le déficit scolaire associé au TDAH est important et n’est pas attribuable à d’autres facteurs, il faut donc se concentrer sur des interventions qui améliorent directement les performances scolaires plutôt que des interventions secondaires auprès de la famille.

Source : https://doi.org/10.1002/jcv2.12064

T’as filé ses médocs au gosse ?

Des chercheurs internationaux, dont les Français sont membres de l’INSERM, ont comparé la médication des enfants selon le pays. La France est championne des 11 pays étudiés, cocorico !

En particulier, moins d’un enfant sur deux reçoit des médicaments chaque année en Suède, alors que c’est le cas pour 80% des enfants français.

Durant son enfance, le petit Français a 100 fois plus de chances de recevoir des corticoïdes qu’un petit Danois.

On observe donc des différences énormes entre pays (et entre pédiatre), ce qui montre l’importance de mieux former les professionnels de santé à la prescription, et à mieux informer la population générale sur la médication des enfants.

Source : https://jamanetwork.com/journals/jamanetworkopen/fullarticle/2791284

Avez-vous déjà fait l’expérience des hallucinations ?

Un sondage fait sur plus de 10000 personnes indique que près de 80% des personnes ontvécu des expériences d’hallucination, dont 32% durant la semaine précédent le sondage. En majorité, ce sont des hallucinations auditives, puis visuelles et dans une moindre mesure, des hallucinations tactiles et olfactives.

Pour les hallucinations auditives, l’immense majorité des hallucinations sont des voix (63% - 29% portent sur le fait qu’on a appelé le nom de la personne), puis la musique (18%) et le téléphone ou la sonnerie (17%).

Dans l’ensemble, ces hallucinations durent un instant où quelques secondes et ne provoquent pas de stress.

Pour les hallucinations visuelles, elles concernent essentiellement des formes d’ombre (49%) mais aussi le fait de croire reconnaitre quelqu’un (34%), un mouvement (22%) ou un animal (19%).

Elles durent également un court instant, mais semblent générer plus de stress.

Près de 50% des participants indiquent avoir eu une hallucination incluant au moins deux modalités sensorielles.

Si les hallucinations sont souvent signe de pathologie dans les sociétés occidentales, cette étude montre que les hallucinations sont très fréquentes dans la population générale, beaucoup plus qu’estimé précédemment (80% au lieu de 15%).

Source : https://www.nature.com/articles/s41537-022-00229-9

Qui a fait quoi à la télé ?

On se demande comment les spectateurs comprennent les relations de causalité dans le traitement de l’information médiatique. Les journalistes utilisent souvent plusieurs termes et on ne sait pas toujours comment ils sont compris.

Une étude composée de 4 expérimentations indique que nous comprenons correctement deux catégories de causalité : la causalité directe ( il a fait, il a augmenté ou diminué …) et la possibilité de cause (il peut avoir fait, il peut avoir augmenté et diminué).

Cependant, nous sommes mauvais pour comprendre la notion de cause modérée (pourrait avoir fait, serait causé, serait lié, est associé avec…) pour lesquels on a plus l’impression qu’il y a une relation causale… alors qu’il peut ne pas en y avoir. Il semblerait en plus que beaucoup de journalistes utilisent ces termes ce qui entretient le flou.

Bref, faites attention quand vous voyez du conditionnel, c’est fourbe le conditionnel.

Source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/27808530/

Pourquoi s’embêter à négocier ?

Quand on essaye de négocier, il y a une technique qui marche bien : fixer un premier prix très bas (ou très haut, ça dépend de quel côté vous êtes) pour ensuite négocier. Ce premier prix va souvent déterminer le prix final. Cette technique est aussi beaucoup utilisée pour les remises ou les soldes. On met le prix “initial” et le prix avec remise pour voir que olala, vous allez faire de grosses économies.

Cette technique repose sur le biais d’ancrage, qui est le fait qu’on se base sur des informations pour en percevoir d’autres (on ancre notre perception des prix selon les prix annoncés avant).

Mais en fait, pourquoi ce biais d’ancrage existe ? Il y avait trois hypothèses investiguées par des chercheurs depuis 20 ans : la charge cognitive, le besoin de cognition et l’avertissement. On a pas forcément besoin d’expliquer dans les détails ces hypothèses parce qu’un nouvelle étude qui cherchait justement à savoir laquelle était juste n’a trouvé aucun effet de ces hypothèses sur le biais d’ancrage. Les chercheurs expliquent que les études précédentes manquaient considérablement de participants et étaient probablement des faux positifs.

Ainsi, si le biais d’ancrage est robuste, nous ne savons pas encore quelles sont les raisons de ce biais.

Source : https://doi.org/10.31234/osf.io/bgp3m

Des psychologues chauds dans ta région, une fois

De 2016 à 2018, des chercheurs ont envoyé des questionnaires anonymes à des psychologues et psychiatres belges, leur posant des questions sur leur attachement à leur patient.

758 professionnels ont répondu, 55% étaient des psychologues et 39% des psychiatres (le reste des psychanalystes de différentes obédiences). 69% étaient des femmes, 89% hétérosexuels.

71% des professionnels indiquent avoir trouvé un patient/client sexuellement attractif. 23% ont fantasmé avoir une relation romantique et 27% un contact sexuel avec un patient.

80% acceptent des cadeaux des patients/clients et 72% ont eu la perception qu’un patient pouvait devenir leur amis.

20% indiquaient que ces émotions/comportements leur était négatifs et 10% que ça nuisait à la thérapie.

15% des thérapeutes sont effectivement devenu amis avec un patient, mais pour 13% (donc presque tous), après la thérapie.

3% des thérapeutes ont eu une relation sexuelle avec un patient, et 1% pendant la thérapie.

Ah, ces belges.

Source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35031907/

Quel est ce tricheur ?

Dans le cadre de plusieurs expériences en laboratoire, des chercheurs ont constaté que le fait d’en savoir plus sur un étranger nous fait penser qu’il en sait plus sur nous, et nous dissuade de tricher.

Ils ont ensuite reproduit ce résultat dans le cadre d’une expérience sur le terrain à New-York : le fait de fournir des informations banales sur les agents de police du quartier a modifié les croyances des résidents quant à la possibilité que les agents sachent s’ils ont commis un acte illégal. En conséquence, on a observé une réduction à court terme de la criminalité dans le quartier de 5 à 7%.

Plus on croit que le policier risque de trouver le coupable (plus on est en haut), plus le risque de crime est réduit (plus on est vers la gauche)Plus on croit que le policier risque de trouver le coupable (plus on est en haut), plus le risque de crime est réduit (plus on est vers la gauche)

Ainsi, il semble que notre sentiment d’anonymat dépende non seulement de ce que les gens savent de nous, mais aussi, de manière plus surprenante, de ce que nous savons d’eux.

Source : https://www.nature.com/articles/s41586-022-04452-3

La petite histoire de la génétique de la sérotonine

En 1996, des chercheurs ont “découvert” un gène codant pour le transport de la sérotonine, le gène 5-HTTLPR.

Très rapidement, des chercheurs (d’autres que ceux juste au dessus) ont expliqué que l’expression de ce gène affectait l’activation de l’amygdale, le système attentionnel, la modulation du système émotionnel, mais aussi était responsable de l’insomnie, de la dépression saisonnière, du stress post-traumatique, du trait de personnalité anxieux et même de la maladie d’Alzheimer.

On a aussi une étude qui montre le lien entre l’expression de ce gène et… l’expérience de la nostalgie. Un gène révolutionnaire !

Une méta-analyse de 50 études indiquait en 1998 que ce gène module le lien entre stress et dépression, en particulier chez les enfants. Le style parental et l’expression de ce gène prédit le bon développement de l’enfant, la possibilité des mères d’élever correctement leur enfant, mais aussi la capacité à faire des bons choix sous incertitude.

Allant plus loin, si comme l’affirme cette méta-analyse, ce gène a un lien avec la dépression, alors il y en a un aussi avec les anti-dépresseurs. Et TADA, en effet, l’expression de ce gène prédit l’effet du citalopram et du flovoxamine sur la dépression.

Bref, ce gène parait vraiment révolutionnaire et des centaines d’articles l’atteste (450 articles publiés), le prouve et tout ce que vous voulez.

Sauf que c’est faux.

En 2005, 1 étude a été publiée, indiquant qu’elle n’a pas réussi à répliquer l’étude sur le lien avec la dépression. Très vite, les publications s’enchaînent, on n’arrive à rien répliquer. En 2009, une méta-analyse ne trouve plus d’effet du tout du gène sur quoi que ce soit. Les auteurs avaient conclu à l’époque “le gène 5-HTTLPR est un embarras pour l’ensemble de notre domaine de recherche”.

Qu’en est-il aujourd’hui ? 15 ans après cette première étude, on continue de publier des centaines d’articles sur le sujet.

Alors pourquoi les publications continuent d’affluer ? Étonnamment (non), pour l’argent. Tester l’expression de ce gène coûte environ 2000$ par patient dépressif qui se fait tester, et ça permet de financer plein de labo. On est aujourd’hui à un cumul qui dépasse 1 milliard de dollars pour une association qui n’existe pas.

On continue aussi de publier sur le sujet pour confirmer les croyances. En effet, ce gène permettrait d’expliquer l’effet des antidépresseurs de type SSRI par un simple mécanisme causal (et ce n’est évidemment pas si simple).

Que retenir ?

Il n’y a aucune raison de croire que la dépression provient d’un manque de sérotonine. Aucune étude ne l’indique. Il n’y a aucune raison de croire non plus qu’un gène code spécifiquement pour un processus mental complexe. Et il faut vraiment qu’on régule les dépenses d’argent dans la recherche…

Source : https://slatestarcodex.com/2019/05/07/5-httlpr-a-pointed-review/

Allez op, au dodo

Une étude sur (seulement) 80 participants en surpoids et dormant en moyenne 6.5 h indique que ceux qui ont amélioré leur durée de sommeil jusqu’à 8.5 h avaient une réduction importante des apports énergétique, suffisant pour diminuer leur poids.

Dit autrement, 1h de sommeil de plus part jour correspond à manger une demi-baguette en moins (par jour !). Les programmes de prévention et perte de poids doivent donc intégrer la qualité et quantité de sommeil pour être plus efficace.

Source : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35129580/

Twitter qui me fait des feintes

J’ai trouvé un super article sur Twitter que j’avais hâte de lire. Il est dit “l’allaitement est associé à une réduction du risque cardiovasculaire : revue systématique et méta-analyse blabla…” Quoi de plus alléchant ?

Et puis j’ai lu l’étude. Dans une petite rubrique il est écrit “les biais de publications sont fortement suspectés”.

Bon, bon, je ne suis pas sûr qu’on puisse vraiment faire confiance en cette étude :(

Nos ancêtres les gaulois enfin juste avant en tout cas j’étais pas né

Si vous aviez loupé la nouvelle en début d’année, le plus ancien homo-sapiens a été découvert dans une cave de France. Enfin ça, c’est le titre parce que si on lit le document en entier, ils ont juste découvert une dent et ils ne sont pas si sûrs que c’est de l’Homo sapiens, ça pourrait être un homme de Néandertal avec une belle dentition.

Si vous voulez vérifier par vous-même c’est dans la grotte mandrin dans la Drôme. Allez-y, c’est très joli la Drôme.

Source : https://www.nature.com/articles/d41586-022-00389-9

Mangez mieux, mangez des chats

Les chatbots sont les robots qui vous accueillent sur les pages internet pour vous demander de leur poser des questions (à ne pas confondre avec des robots chats ça c’est autre chose). Les chatbots donc, peuvent-ils modifier les croyances des personnes qui leur posent des questions ?

Une étude portant sur l’hésitation à se faire vacciner contre la COVID-19 et sur les OGM indique que oui, mais uniquement dans un seul cas : quand les participants utilisaient un argument et que le chatbot utilisait des contre-arguments ciblés.

A gauche, on voit qu’avant le “traitement” les participants sont tous autour de 4, et à droite on voit que les conditions où les participants sont plus en “faveur” (vers la droite) des OGM sont avec le chatbot et les contre-arguments, au contraire du consensus qui marche pas trop.

On arrive enfin au moment où les robots m’expliqueront comment mieux penser. What a time to be alive!

Source : https://www.nature.com/articles/s41562-021-01271-w

Un peu d’empathie en médecine

Une méta-analyse (55 articles) sur le personnel médical indique que les attitudes des soignants envers les groupes défavorisés sont positivement reliées à l’éducation médicale. Dit en bon français, plus le soignant est tôt au contact de populations défavorisées, plus il va développer des attitudes positives envers les personnes défavorisées (et donc on suppose, plus il va les soigner avec empathie). Ces résultats sont valables principalement pour les pays européens et USA.

En pratique, l’école de médecine de Lyon propose aux futurs médecins une “école de l’empathie” permettant de mettre en contact les futurs médecins avec une communauté de personnes défavorisées afin de les sensibiliser à leurs problématiques.

Sources :

https://bmcmededuc.biomedcentral.com/articles/10.1186/s12909-021-02517-x

https://www.lemonde.fr/sciences/article/2022/02/14/a-lyon-des-futurs-medecins-a-l-ecole-de-l-empathie_6113660_1650684.html

Queue mécanique, Winter le dauphin, sex machine

Vous ne le saviez pas et ne vouliez peut-être pas le savoir, mais les dauphins (dauphines ?) ont un truc qui ressemble à un clitoris. Elles pourraient donc avoir une expérience sensorielle proche de celle des humains. Ça peut expliquer pourquoi l’espèce est aussi chaud lapin (au contraire des lapins qui ne le sont peut-être pas tant que ça).

Source : https://www.sciencenews.org/article/dolphin-female-clitoris-sexual-anatomy

La fabrique de l’opinion.

Est-ce-que les individus ont une opinion qu’ils partagent dans les sondages, ou est-ce-que ce sont les sondages qui fabriquent l’opinion ? Certains sociologues ont montré que les sondages permettent d’uniformiser l’opinion (appelée opinion publique) plutôt que de montrer la pluralité des opinions.

Une étude récente met en évidence que les individus ne perçoivent pas les changements d’opinion au cours du temps. En particulier, les chercheurs ont demandé à des participants d’estimer ce que pensait la population dans les années 90 ou 2000 sur certains sujets, et les participants se sont trompé sur de nombreux sujets, parfois avec un énorme décalage.

Par exemple, les participants indiquent que dans les années 90, 50% des Américains étaient fortement opposés au mariage interracial alors qu’ils étaient 75% en réalité (on est à moins de 10% aujourd’hui mais ça me parait encore beaucoup trop).

Autre exemple, en 1978, 80% des Américains disaient accepter de voter pour une présidente, alors que les participants actuels pensent que seulement 30% des Américains auraient acceptés. pour 2010, ils disent que 75% des Américains accepteraient de voter pour une présidente, alors qu’ils sont en réalité proches des 100%. En jaune, l’estimation des participants, et en gris, les estimations des sondages. Il y a 51 effets en tout mais ça aurait fait beaucoup dans un mail.

Est-ce-qu’ il y a une explication à ces différences ? Pas vraiment, il semblerait qu’on ait tous un stéréotype sur le passé (biais rétrospectif diront certains ?), les Américains actuels sous-estiment fortement les attitudes libérales du passé et pensent le passé beaucoup plus conservateur qu’il ne l’est réellement. Je serais très très intéressé de voir les mêmes études en France.

Source : https://t.co/YlHp6qAx9y

Les fausses voitures propres ont augmenté la mortalité des enfants

En 2008, Volkswagen a lancé une nouvelle génération de voitures “diesel propre” et en a fait la promotion auprès des consommateurs soucieux de l’environnement. A l’insu du public, ces voitures étaient tout sauf propres, puisqu’elles émettaient des polluants jusqu’à 150 fois plus que les voitures à essence comparables. Une étude montre que ce mensonge a tué 290 enfants aux USA seul, et a entraîné un faible poids à la naissance pour 38 686 autres enfants. On note également une forte augmentation des attaques d’asthme à ce moment.

Source : https://academic.oup.com/restud/advance-article-abstract/doi/10.1093/restud/rdac007/6529413

On est tous le pauvre de quelqu’un

Ce graphique présente la distribution de salaire et la perception de la distribution de salaire : Si tous les points sont sur la diagonale, on a pile-poil l’impression de gagner ce qu’on gagne, si on est dessus, on a l’impression de gagner plus que ce qu’on gagne, si on est dessous, on a l’impression de gagner moins que ce qu’on gagne.

Conclusion : plus le salaire est élevé, plus on a l’impression de gagner moins que ce qu’on gagne.

Source : https://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=2565138

(Je précise que cet article ne fait pas partie de l’actualité scientifique, car publié en 2015. Mais je le trouvais quand même bien intéressant).

Qualité de la mesure entre questionnaire et mesure comportementale

On sait aujourd’hui que la qualité de la mesure importe plus que la théorie utilisée pour mesurer ce construit. Il faut un bon outil pour faire de bonnes mesures. J’ai longtemps pensé que le questionnaire manquait de précision pour mesurer un construit, et que la mesure comportementale était toujours meilleure. Pour moi, on ne sait pas très bien évaluer nos propres comportements.

Une étude faite sur 4 000 élèves français indique que la mesure de la compétence socio-émotionnelle est meilleure avec un questionnaire simple qu’avec une mesure comportementale. Avant d’analyser les données, les auteurs de l’étude ont interrogé 114 chercheurs internationaux en développement cognitif et en économie de l’éducation ; la plupart des chercheurs dans ces deux domaines ont prédit que la tâche comportementale serait la meilleure méthode (j’aurais dit pareil). Ils ont découvert que le questionnaire de l’enseignant était plus prédictif des résultats comportementaux des élèves et de leur progression scolaire, alors que la tâche comportementale était la moins prédictive. Ce travail suggère que les chercheurs n’utilisent peut-être pas les meilleurs outils pour mesurer les compétences socio-émotionnelles des enfants (et que les questionnaires simples peuvent être une mesure de très bonne qualité).

Source : https://www.nature.com/articles/s41598-021-04046-5


Le développement du cerveau de 0 à 100 ans.

Basée sur l’analyse de 120 000 scanners, l’image suivante présente le développement du cerveau de l’apparition du cerveau jusqu’à 100 ans.

En rouge, on observe que la matière grise est la plus importante vers 6 ans, la matière blanche en bleu vers 25 ans, le volume subcortical en vert vers 12 ans, le volume ventriculaire en gris augmente progressivement à partir de 40 ans.

Ci-dessous, voici la différence entre les hommes en bleu et les femmes en rouge :

On observe principalement une différence du volume du tissu cérébelleux et de la matière blanche, plus importante chez les hommes en moyenne, ce qui explique son volume total en moyenne plus important (on a des cerveaux un peu plus gros que les femmes).

Source : https://www.biorxiv.org/content/10.1101/2021.06.08.447489v3

Les jeunes se sentent de plus en plus seuls.

Depuis 1976, les 18-29 ans sont de plus en plus insatisfaits de leurs interactions sociales, se sentent de moins en moins proches des autres, et se sentent de plus en plus exclus (N = 124 855 dans le monde entier).

Comme vous pouvez le voir, L’augmentation est faible depuis 2001 mais constante, avec de plus en plus de points au dessus de la courbe, ce qui n’est pas très encourageant.Comme vous pouvez le voir, L’augmentation est faible depuis 2001 mais constante, avec de plus en plus de points au dessus de la courbe, ce qui n’est pas très encourageant.

Source :https://t.co/iPlHbfXetwhttps://t.co/iPlHbfXetw

Des consensus économiques pas si consensuels.

Au cours des dernières décennies, il y a eu des changements frappants dans le consensus des économistes :

En 1990, 63% des économistes étaient d’accord sans réserve sur le fait que :

Un salaire minimum augmente le chômage des jeunes et des travailleurs non qualifiés.

Aujourd’hui, ils ne sont plus que 30 %.

En 1990, 34% des économistes étaient d’accord sans réserve pour dire que :

Les lois antitrust devraient être appliquées vigoureusement.

Aujourd’hui, ils sont 68%.

De manière générale, le consensus est plus fort aujourd’hui qu’il y a trente ans, et va dans le sens d’un besoin de régulation fort des marchés boursiers afin de diminuer les inégalités économiques.

Source : https://t.co/NdkWtZOUQH

Les techniques d’auto-apprentissage les plus efficaces pour briller à l’école

Dunlosky et Rawson de l’université de Kent ont synthétisé les techniques d’auto-apprentissage qui fonctionnent le mieux.

Les deux meilleures techniques d’apprentissage sont le test, en faisant des exercices, QCM ou de la pratique, et la répétition espacée qui consiste aussi à récupérer ses connaissances en mémoire de manière espacée et en séquençant l’apprentissage au cours du temps.

Si vous voulez tester la répétition espacée, il existe sur ordinateur l’application anki flashcards qui fonctionne bien, mais est un peu vieillotte. J’ai vu une application ordinateur et téléphone qui s’appelle space mais que je n’ai pas testé. Vous me direz ce que vous en pensez.

Si j’insiste dessus, c’est que ces deux pratiques de récupération d’information sont vraiment très efficaces et de nombreuses études en attestent. Je vous mets par exemple le lien vers une méta-analyse de 2021 qui montre un effet moyen à fort des pratiques de récupération d’information pour tous les âges, tous les types de cours, et tous les formats d’examen.

Les techniques de Dunlosky et Rawson

La méta-analyse de 2021

Pour ce qui est des techniques les plus utilisées, comme la relecture et le fait de surligner les passages importants, ce n’est pas très efficace.